mercredi 11 décembre 2013

 
 

UNE GROSSE PERTE (quessé que j’va devenir ?)

 
Chères amies lectrices, chers amis lecteurs (si je peux me permettre),

Ça va pas ben ! J’file pas pantoute. J’ai la tête engluée dans un processus de deuil. T’sé là, les 5 étapes : le choc, la colère, le marchandage, la tristesse et l’acceptation. C’est pas jojo c’que je vis.

Faque, j’vous avertis tout d'suite, si vous êtes fragiles, un peu sur les nerfs ou que vous vous sentez fébriles, aussi ben de n’pas continuer votre lecture et d’passer à autre chose. L’histoire qui suit, c’est pas Tintin, Blanche-Neige ou un quelconque roman à l’eau de rose. Ça finit mal.

Le temps est assez précieux d’même, alors si vous souhaitez faire quelque chose de plus constructif, comme aller repeindre votre sous-sol, rouler des sushis, faire du zumba, sortir le chien ou bedon, pourquoi pas, vous coucher su’l’dos et fixer le plafond toute l’avant-midi, grand bien vous fasse. J’prendrai pas ça mal, j’vous l’jure.

Correct d’abord, vous préférez poursuivre, pas d’trouble, mais v’nez pas chialer ensuite que mes textes sont négatifs et que je suis trop pessimiste. L’écriture, c’t’un exutoire pour moi, c’t’u clair ça ! Bon bon, désolé, prenez pas le mors aux dents, c’est le choc qui me fait parler d’même, j’chu pas toute à moé. J’vous l’ai dit, j’pas dans mon assiette.

Ok, j’en arrive au fait. Ma vie vient de s’écrouler, j’en perds tous mes repères. J’suis déstabilisé. J’sais pas si je vais être capable de me refaire. J’ai des doutes sur mes capacités à recommencer à rouler ma roche tout en haut du sommet de la montagne de ma vie (maudit que c’est beau c’que j’écris, j’en ai des frissons). À côté de ce qui m’arrive, la pire tragédie mondiale, le décès d’une personnalité marquante de l’histoire, c’est rien, c’est d’la p’tite bière.

Bon, assez niaisé, j’vais lâcher le morceau. Mon iPod est mort à matin ! Y est fini, kaput. Y a trépassé le p’tit v’limeux. Y a sapré l’camp avec mes 800 cd et tous les souvenirs qui nous unissent.

Mon fidèle compère compagnon des 6 dernières années a, sans aucun avertissement, levé les feutres. Il m’a laissé tomber comme une vulgaire chaussette sale, il vient de me jeter comme de vieux restants secs et malodorants d’un grand festin. Je suis dévasté.

Pas de méprise, je l’ai toujours traité aux p’tits oignons, j’en ai pris soin comme la prunelle de mes yeux. Je le trainais constamment sur moi dans sa pochette protectrice. Je l’emmenais partout en voyage. Je le tenais loin de la chaleur ou du froid extrême. Loin du feu et de l’eau aussi. Dès que je voyais sa batterie faiblir, je le remettais sur sa base. Y avait pas meilleur propriétaire que moi. Quand le drame s’est produit, je n’ai pas lésiné sur les efforts pour le sauver. Je lui ai fait des massages cardiaques, du bouche-à-bouche, je l’ai branché, j’ai suivi à la lettre les instructions de mon iTunes et j’ai prié le dieu des gadgets électroniques, rien n’y fit. C’était trop tard, il avait passé l’arme à gauche. Le vers avait mangé toute la pomme.

Dans ma grande naïveté, je le pensais éternel. Ok, j’en mets un peu, je sais bien que tout est périssable et que la finitude nous attend tous, mais, j’aurais tout de même apprécié qu’il dure plus longtemps. J’me console en me disant qu’il a eu une durée de vie plus longue que mon réfrigérateur et que mon lave-vaisselle réunis.

Non, moé, en fait, ce qui m’écœure le plus, c’est la débarque sociale que je viens de prendre. J’suis à deux poils de redevenir un homme des cavernes et de perdre ma dignité. Va falloir que je me reconnecte sur mon gros système de son, vais devoir apporter un paquet de cd dans mon char pour la route, avec tout l’espace que ça prend et les risques qui vont avec comme de péter les pochettes de plastique et d’égratigner le disque. J’s’r’ai pu de mon temps bâtard !

Toujours est-il que ça me rassure de savoir que lorsque mon chagrin sera consommé et que j’aurai accepté l’inéluctable, je vais pouvoir me garrocher au centre d’achat le plus près, avec mon gros bazou, pour en acquérir un autre plus performant et plus puissant. Au-delà de tout ce que j’ai perdu, je détiens encore le libre arbitre de dépenser le ¾ de mon salaire hebdomadaire pour assouvir mon besoin pressant de possession. On choisit bien les chaînes qui font notre affaire t’sé !

Pis à part de ça que j’me dis, y a du positif dans toute après tout. Ma mésaventure a du bon et mon histoire finit pas si mal que ça en fin de compte.

Mon mode de vie crée de la job ailleurs.

Pensez aux enfants qui travaillent dans les usines d’Appel et à tous ces privilégiés qui ramassent les rebuts informatiques toxiques dans les dépotoirs des pays de l’Asie…ça ramène de la belle argent dans leur famille ces p’tites bêtes-là !

Sur ce, je vous souhaite à toutes et à tous un très Joyeux Noël, et surtout, un maudit beau boxing day !

Jean-Luc Jolivet