samedi 24 août 2013

MON PAYS

Je t’aime dans tous les recoins de ton existence et au-delà de tes blessures d’enfance.

Je t’aime du bout de la Gaspésie aux forêts de l’Abitibi;  du nord du grand Nord aux collines verdoyantes de l’Estrie; de ma Mauricie natale aux confins de tes frontières légales.

Bref, d’est en ouest et du nord au sud, je t’aime. Depuis tout petit, tu es au cœur de mon errance.

Pays de survivance. Pays d’abondance. Pays aux multiples visages, je n’aurai pas assez d’une vie pour t’apprivoiser et en faire tout ton tour. 

Oui, je sais, à deux reprises, nous t’avons refusé la liberté, nous avons retardé ta naissance.

Pourtant, tu existes, tu es là sous nos pieds. Malgré nos valses hésitations et nos contradictions notoires, j’ai bon espoir. J’ai bon espoir qu’on réussira, à force de travail et de persuasion, à t’amener à maturité.

Ce qui est beau, c’est que je sais que je ne suis pas seul à y croire et à mettre l’épaule à la roue pour y parvenir.

Et, comme l'écrivait si bien Gaston Miron « Ça ne pourra pas toujours ne pas arriver, nous entrerons là où nous sommes déjà, ça ne pourra pas car il n'est pas question de laisser tomber notre espérance ».

lundi 12 août 2013

SANS ELLES 

On a beau faire nos fanfarons, nos indépendants et nos p’tits Jos connaissant, sans elles, ça ne volerait pas haut.

On a beau jouer les fiers à bras, les machos de première et les cowboys libres et solitaires, sans elles, serait difficile de prendre de l’altitude.

On a beau être le dernier des héros, celui qui pisse le plus loin ou avoir les poches pleines de foin, sans elles, on resterait cloué au sol.

J’ai beau tout faire pour passer le temps, pour m’occuper de midi à minuit, sans elle, je m’ennuie. 

mercredi 7 août 2013

LE CHIEN QUI HABITE CHEZ-MOI

Le chien qui habite chez-moi est une plaie, une vraie engeance. Pas mêlant, y est toujours dans mes pattes quand c’est pas le temps. Toujours à la recherche de la moindre grenaille qui tombe par terre. Pas capable de cuisiner en paix cibole ! On dirait que les p’lures d’oignon, dans son cerveau de cabot, sont des pépites d’or maudit bâtard !

Pis y est laid, j’vous dis pas ! C’est pas croyable. Pas des farces, on dirait un gremlin sur l’acide. Y a rien pour lui. La face aplatie, les dents croches et proéminentes et les oreilles bien trop longues. Y manque quasiment de s’enfarger d’dans quand y est excité ! À côté de lui, Nanny Mcphee est un pétard. Pas brillant à part ça ! J’pense que c’est un cerveau de poisson rouge dans un corps de shih tzu, cette affliction.   

Y est gros comme deux boîtes de kleenex, mais y chie comme un hippopotame. Toujours la crotte au cul ou dans le poil, évidemment. Parce que du poil, ben, en veux-tu, en v’là ! C’est pas sorcier, parfois, le soir, j’sais même pas si y avance ou si y recule.

En plus, y pu comme c’est pas possible. J’vous décris pas l’odeur, des plans pour que vous arrêtiez aussi sec de lire mon histoire. Pour bien illustrer mon propos, j’vais juste vous souligner que lorsqu’il lâche une fiouse, ben c’est l’alerte rouge et tout l’monde court se mettre aux abris. Son panier, recouvert par une tonne de couvertures, sent la pisse à mille lieues à la ronde. Je préférerais passer une soirée à côté de la poubelle que d’avoir le chien à mes pieds plus de 2 minutes, c’est vous dire.  

Malgré tout le mépris que j’ai pour lui, c’est qui l’cave qui lui fait prendre ses marches, qui ramasse sa chiasse, qui lui donne de l’eau et qui le fait pisser le matin avant de partir au boulot ? You bet ! C’est ti-coune lui-même. Celui qui est devant l’écran présentement et qui tape cette histoire de chiant chiot. J’imagine que c’est pour cette raison que, calamité, est le premier à m’accueillir au retour du travail.

Bon, j’irais pas jusqu’à dire que je voudrais qu’il crève, nooon. Ça f’rait ben trop de pepeine à la dernière qui s’en occupe beaucoup. Oui, oui, j’vous jure, je l’ai déjà vue, une fois, flatter son chien en revenant de l’école. Pour vrai ! Elle l’a même brossé un moment donné, y a pas si  longtemps. Je dirais il y a 4-5 ans, environ !  

C’est pas de ma faute, j’préfère les gros chiens taboire ! Et comme dirait un grand philosophe de Shawinigan, que voulez-vous ?  

Et puis un jour, en revenant de travailler, j’ouvre la porte. Salut tout le monde ! Pas un son, pas âme qui vive. Une note gribouillée sur la table : On te quitte connard ! T’es pas vivable !  

Le vertige et la solitude qui me frappent de plein fouet ! Y a pu un chat.

Heureusement, reste le meilleur ami de l’homme. Pitou pitou, t’es où mon beau chien chien ? Viens voir ton maître adoré. Je vais te donner un bon gros biscuit ! Un bel os d’abord ! Une énorme fraise succulente ! Allez, viens t’allonger avec moi dans la cour sur la chaise longue, comme on faisait cet été quand y avait personne.

Maudit batèche de bon yeu, y ont amené le clébard avec elles ! Ça c’est chien !!


Jean-Luc Jolivet   
L’ÉTAT DE GRÂCE                                                                                         

Je fais constamment cette erreur, un peu niaise et naïve, de rechercher à tout prix l’état de grâce permanent.

Un état de plénitude comme lorsque je savoure tranquillement, dans ma cour ensoleillée, la page d’un livre de l’écrivain le plus lent de Québec; ou lorsque je bois à petite gorgée, sur les bords du majestueux Saint-Laurent, en Gaspésie, De mémoire d'eau écrit par monsieur Rivière; ou lorsque je me couche de tout mon long dans une superbe rivière entourée d’arbre et où le soleil vient me chatouiller le bout des orteils et du nez; ou lorsque j’admire, en sillonnant les routes de mon Pays que j’aime tant, les paysages à couper le souffle dessinés par je ne sais qui; ou lorsque je suis attablé avec les gens que j’aime lors d’un repas de fête; ou lorsque j’écoute pétiller un verre de rosé bien froid qui me réchauffe la panse tout en dégustant le jazz de monsieur Metheny en compagnie de ma tendre et chère; ou lorsque je m’amuse à écrire ce petit texte qui me fait oublier, pour un instant, les extrasystoles qui me narguent et m’agacent.

Je fais constamment cette erreur alors que je sais pertinemment que ma nature fébrile et nerveuse est sans arrêt sollicitée par les bruits de cette société bavarde, tapageuse et turbulente.  

Pas de méprise, j’aime l’action, j'aime que ma vie soit animée, mais un moment de grâce de temps en temps, ça ne fait pas de tort à mon corps !


Jean-Luc Jolivet