La
lumière des oiseaux (À Cécile)
Heureusement pour nous, un grand manitou a pensé un
jour à diffuser toutes sortes de lumière tout au long de notre chemin pour nous
réchauffer l’âme et le coeur: un sourire; le rire des enfants; un beau geste;
une bonne parole; un ciel enflammé au couchant de l’été; une truite qui saute
au milieu d’un lac calme à la tombée du jour; la vue d’une fleur qui pousse en
milieu hostile. Que sais-je encore? Mais je n’ai jamais vu une lumière aussi
libératrice et apaisante que celle produite par les oiseaux.
Évidemment, pour goûter aux bienfaits de leur science,
il faut préalablement savoir se poser et mettre de côté les affaires que nous
considérons pressantes. Chambouler notre ordre du jour remplit à ras bord et
prêter une oreille attentive à ce qu’ils ont à nous offrir. Ouvrir les yeux aussi
et attendre. Ne pas se décourager. Même si rien ne semble se passer, la
transformation commence. Tranquillement pas vite, en scrutant soigneusement leur
mouvement, leur amour et leurs travaux, nous devenons plus détendus. Nous
oublions nos maux physiques et moraux. Cette chape de plomb, qui était si
pesante il y a quelques instants, se fait moins lourde.
Comme par magie, nous devenons totalement présents et
fondus à notre environnement. Nous nous sentons plus que jamais vivants et en
symbioses avec l’Essence de la Vie avec un grand V.
Et puis soudain, le chant d’un oiseau atteint la
cible. Nos murs intérieurs commencent à se fissurer. Une lumière se pointe le
bout du nez. Ces murs que nous nous employons à construire depuis notre tendre enfance
deviennent fragiles. Un seul coup d’aile de ces poètes plumés permet à la lumière
de terminer le travail et de faire éclater nos dernières résistances. Nos doutes
et nos angoisses existentielles n’ont plus aucune emprise sur nous.
Nous ne connaissons plus la peur. Nos yeux sont neufs
et lavés des poussières qui se sont accumulées avec le temps. Nous ne pouvons
que rester scotchés à l’univers qui se déploie devant nous.
Nous comprenons alors que la vie est plus forte que
tout. Qu’il suffit parfois d’exposer nos zones d’ombre à la lumière des oiseaux
pour faire fondre nos appréhensions, et ainsi, retrouver une respiration ample
et sereine.
Affectueusement,
Ton neveu Jean-Luc qui t’aime xx