vendredi 19 juillet 2013

LES VACANCES


Enfin, les vacances !

C’est fascinant de constater qu'à l’arrivée des vacances estivales, ce sont les mêmes sentiments qui m’habitent depuis plus de trente ans. Tout est resté intact. C’est pas mêlant, je retombe quasiment en enfance ! 

Je redeviens le ti-cul qui termine son année scolaire et qui attend le signal du professeur pour regagner sa liberté. Je me souviens qu'une fois celle-ci obtenue, le pupitre nettoyé, les amis salués, j’enfourchais mon 10 vitesses rouge et je dévalais à toute allure la 14e avenue les cheveux aux quatre vents, l’espoir plein les baskets devant cet été remplis de promesses et de prénoms de filles. Tout était possible. La baignade, la pêche, les randonnées à vélo, le sport, les voyages, le camping dans le fond de la cour et les petits salaires à laver des autos, à faire des gazons et à passer l’hebdo du St-Maurice. Parfois, on se payait même le luxe de s’ennuyer. C’est vous dire.

C’est donc cette sensation d’affranchissement et d’espace qui me gagne dès que je ferme la porte de mon bureau. Du moment où je pose les pieds sur le trottoir, je respire déjà mieux. Étrangement, mes épaules me semblent plus légères, les soucis ont moins d’emprise sur moi et j’entends à nouveau ce jazz intérieur. J’étais dû pour cette petite pause afin de suspendre ce quotidien et ce temps qui ne font aucun quartier dans le tourbillon de nos vies.

Il m’est impossible, en écrivant ces mots égoïstes et futiles, de ne pas penser à toutes ces personnes qui n’ont pas la même chance que moi. À celles et ceux qui ont comme paysage, à l’année longue, qu’une arrière-cour exiguë, chaude et surpeuplée, je vous offre mes respects. On est loin du décor bucolique que nous devrions tous pouvoir admirer.

Il serait également déplacé que je passe sous silence le drame de tous ces gens pour qui les vacances se sont arrêtées dans la nuit du 5 au 6 juillet dernier dans un fracas terrifiant et horrible causé par ce train maudit.

Mes vacances sont bienvenues, mais elles ont cette année, comme des millions de Québécois, un arrière goût de cendre et d’amertume.

À vous, citoyennes et citoyens de Lac-Mégantic, mes salutations les plus respectueuses et je vous souhaite d’arriver un jour à retrouver une certaine sérénité. Je sais que ces derniers mots ne changent rien à votre triste réalité, mais puissent-ils être d’un certain réconfort.

Affectueusement,

Jean-Luc Jolivet

lundi 8 juillet 2013


JE NE SUIS PAS DUPE


Je sais que la défaite reprend d’une main ce que la victoire a donné de l’autre
Je sais que l’amour et l’amitié sont aussi fragiles que glace mince au soleil d’avril
Je sais que le devoir de l’enfant est de s’affranchir du parent

Je ne suis pas dupe

Je sais que ce ne sont pas toujours des gens honnêtes dont nous parlons le plus
Je sais que le succès est parfois étranger au travail sincère, acharné et minutieux
Je sais bien que la ligne entre honneur et déshonneur est parfois très mince

Je ne suis pas dupe

Je sais que c’est dans l’attente que nous éprouvons les plus puissantes émotions
Je sais que les peines d’amour et les examens ratés peuvent avoir un impact sur l’estime de soi
Je sais que les propos des gens qui n’ont rien à dire semblent souvent cohérents et intelligents

Je ne suis pas dupe

Je sais que même si nous n’avons jamais dit oui au pays qui sommeille sous nos pieds, nous devons faire l’épicerie
Je sais que même si j’ai le cœur lourd, je dois me faire léger  
Je sais que malgré l’hécatombe, la vie doit suivre son cours

Jean-Luc Jolivet
8 juillet 2013