CAUCHEMAR
Très rare que je fais ça, mais là faut absolument que je
vous raconte mon cauchemar. J’y vais en vrac, ne me souviens pas de tout, mais
vous allez avoir une idée.
On vivait un moment planétaire hallucinant. Un méga virus
avait tout paralysé. Il n’existait aucun vaccin, aucun médicament.
Nous étions confinés dans nos maisons pendant des semaines,
les plus vulnérables étaient les plus touchés, c’était l’hécatombe dans les
CHSLD - qui étaient faut bien le dire sous-financé depuis des lustres -, nous
manquions de pleins de matériels médicaux et de ressources humaines, il avait
même fallu appeler l’armée en renfort, le personnel soignant était à bout de
souffle, le premier ministre faisait des points de presse quotidien accompagné
du directeur de la Santé publique, de la ministre de la Santé, et parfois avec
d’autres ministres, pour faire le décompte des morts, des hospitalisations et
donner les consignes du jour, les économies étaient au ralenti - il n’y avait
que les commerces essentiels d’ouvert- , les conspirationnistes s’en donnaient
à cœur joie, ils incendiaient même les tours de communication. Fallait vraiment
réapprendre à vivre autrement. Il y avait tout de même de supers belles
initiatives qui donnaient espoir pour la suite.
Pis, je me suis réveillé juste au moment où tout le monde
n’en pouvant plus et demandait de l’air pour respirer et le signal pour
redécoller. Le gouvernement annonçait donc le déconfinement graduel. En
commençant par les écoles et les services de garde - où d’ailleurs bizarrement
le ministre de la Famille conseillait de garder les enfants à la maison faute
de place - et les commerces dit non essentiels.
La seule chose dont je me souviens de la fin de ce cauchemar,
c’est qu’il y avait beaucoup de confusion autour des annonces et que nous
étions dans le néant le plus total. Nous les humains qui aimons tant avoir des
réponses concrètes face à nos craintes, nous devions avancer dans le brouillard
le plus épais.
Fiou, merci de m’avoir lu, ça fait du bien de partager. Une
chance que ce n’était pas vrai. Imaginez.
Jean-Luc Jolivet