Bonjour à toutes et à tous,
Je suis curieux des statistiques plus bas. Gens d'Italie (on est avec vous) des États-Unis, d'Allemagne et du Portugal, vous comprenez le français ? Vous aimez mes textes ? J'aimerais bien en savoir plus.
Vous pouvez me laisser un message ?
Portez vous bien.
Amicalement,
Jean-Luc
mardi 31 mars 2020
dimanche 29 mars 2020
En soutien à celles et à ceux qui, bien avant l’état d’urgence
sanitaire, avaient perdu l’appétit. Souhaitons que cette crise n’exacerbe pas
leur état, mais qu’elle puisse, qui sait, leur redonner le goût, une bouchée à
la fois, de mordre à nouveau dans la vie.
RETIRER CETTE LONGUE ÉPÉE DE SILENCE QUI ME BROIE LE CŒUR*
Il y a longtemps que les aliments n’ont plus de goût. Ils
sont fades. Insignifiants. Tout comme mon existence. Je n’en retire plus aucun
plaisir. Et pourtant.
Et pourtant, à tous les jours que la nuit amène, je m’efforce,
par instinct de survie j’imagine, à faire ce que doit. Je réussis tant bien que
à mal à me nourrir.
Et malgré les larmes qui viennent ajouter un peu de mauvais
sel à mes repas, j’arrive, une bouchée à la fois, à faire entrer assez de
carburant pour passer à travers ma journée.
Et malgré mes poings fermés, mes bras crispés, je parviens
à faire les gestes nécessaires pour bien couper ma nourriture et la porter à ma
bouche. C’est sans conviction que je la mastique. Il me semble que ça dure une
éternité. Je pense parfois, dans les mauvais jours, que cette comédie a assez
durée.
Pourquoi ne pas porter le coup fatal dans ce cas, me dis-je
à l’occasion ? C’est un mystère. Malgré tout, j’ai le sentiment que mes efforts
quotidiens pourraient m’extirper de ce marasme. J’ai comme une sourde
conviction qu’il y a une faille en toute chose et que c’est par là qu’entre la
lumière**.
Et justement, en parlant d’elle, la lumière. Elle ne me
lâche pas d’une semelle. Au moment où je m’y attends le moins, où la grisaille
me paraît installée à demeure, paf ! Elle m’éclabousse sans crier gare. Elle me
tend la main. Me caresse le visage. Me relève. Me chuchote à l’oreille : «
Tiens bon, les jours meilleurs sont devant toi » ou « Tu n’es pas seul ».
Elle prend le visage du rire franc et serein d’un enfant
heureux. Elle se faufile dans l’appel d’un ami dont je n’avais plus de
nouvelles. Elle se cache dans les belles paroles que cette dame m’adresse après
lui avoir ouvert la porte. Elle vit dans l’oreille attentive et sans préjugée
que me tend une ou un collègue. Elle est cette musique qui me frappe direct dans
le plexus et qui me redonne l’élan et le rythme pour mettre un pied devant l’autre
afin de continuer à avancer. Elle est tout ça et plus encore.
Je table donc sur ces poussés lumineuses pour contrer les
forces qui veulent me tirer vers le bas. Ce n’est pas tous les jours faciles,
mais je crois qu’en m’accrochant de toutes mes forces, je parviendrai à
retirer cette longue épée de silence qui me broie le cœur.
Jean-Luc Jolivet
*Titre inspiré d’un écrit de Christian Bobin publié dans le
texte L’éloignement du monde
** Traduction de There
is a crack in everything, that’s how the light gets in paroles dans la chanson
Anthem du grand Leonard Cohen paru sur le disque The Future
lundi 23 mars 2020
METTRE DE LA VIE DANS NOS VIES
Les gens souvent disent :
« C’est en temps de crise
Que l’humain se révèle »
Mettons que cette assertion
En la présente situation
Semble, on ne peut plus vraie !
On prend la mesure
De tous les cas de figure
Chaque jour aux nouvelles
L’idée, ici, croyez moi
N’est pas de pointer du doigt
Ni de séparer le bon grain de l’ivraie
Mais d’avouer candidement
Mon réel penchant
Pour les vecteurs de lumière
Gratitude envers celles et ceux
Qui ont le don de rendre heureux
Et qui savent abattre les barrières
Enfin, reconnaissons chers amis.es
La richesse des gens qui ont le génie
De mettre de la vie dans nos vies
Jean-Luc Jolivet
dimanche 22 mars 2020
RÉFLEXION SUR LA COVID-19
Nous sommes habituellement interpellés par des crises ou
des catastrophes qui se produisent dans des contrés lointaines. Nous y portons
bien souvent une attention, disons, distraite.
Bien sûr que nous en sommes touchés et que nous en sommes
chamboulés, mais, soyons honnêtes, nous retombons vite dans nos occupations et nous chassons rapidement ces images en nous trouvant chanceux d’habiter ici.
La crise actuelle dans l’histoire humaine n’est pas
inédite, mais elle l’est fort certainement pour la majorité d’entre nous. Des
milliards de personnes qui vivent la même chose et qui ont un ennemi commun, ce
n’est pas rien.
Nous sommes bousculés dans nos habitudes, dans notre mode
de vie. L’économie est touchée, notre liberté de mouvement est limitée. L’heure
est aux décisions rapides, à l’action et à la réflexion. En effet, quand notre
corps nous envoie des signaux qui nous disent de ralentir et que la maladie
nous force au repos, nous tombons dans une période d’introspection.
Souvent, par la suite, lorsque la guérison se produit, nous
envisageons notre existence autrement. Nous changeons des choses, nous
élaguons, nous faisons le ménage, nous tentons de l’alléger un peu afin de
profiter du souffle de la vie le plus longtemps possible. Nous souhaitons
qu’elle soit plus saine pour le reste du chemin.
Je ne sais pas, lorsque le corps social sera remis de ce
virus, si nous allons retourner frénétiquement et avidement dans nos ornières
ou si nous aurons appris quelque chose?
À suivre…
Jean-Luc Jolivet
LE SOLEIL LUI, LUIT !
Les étoiles
Embellissent la toile
Les rivières
Moussent comme bière
Et le soleil, lui, luit !
Le vent
Ralentit notre élan
La pluie
Attise notre ennui
Et le soleil, lui, luit !
Les nuages
Passent à travers les âges
Les saisons
Suivent leur cycle comme de raison
Et le soleil, lui, luit !
Les humains
Confinent du soir au matin
L’économie
Souffre d’anémie
Et le soleil, lui, luit !
Peu importe ce qui se produit, le soleil, lui, luit et la
vie, la précieuse vie, elle, n’a pas de prix !
Jean-Luc Jolivet
samedi 21 mars 2020
POUR VOUS, INFIRMIÈRES, INFIRMIERS ET PERSONNEL DE LA SANTÉ
(Ce petit texte hommage)
Vous aimez votre métier. Vous l’avez choisi il y a 10 ans, 20
ans, 30 ans et vous l’exercez toujours consciencieusement. Faisant fi des
conditions difficiles et des plaintes. Riant affectueusement des gens qui vous appellent
les saints, les saintes.
Vous pratiquez votre métier de jour, de nuit, les jours
fériés et durant les fêtes des enfants. Ainsi que les fins de semaine d’été de soleil
flamboyant alors que la vie grouille au dehors et que vos amours partent pour
la plage. Rien que d’y penser, vous méritez amplement ce petit hommage.
Vous aimez votre métier que vous avez choisi en toute
connaissance de cause. Si vous aviez à trancher de nouveau, vous referiez la
même chose. Par miracle ou on ne sait quoi, la flamme et la passion vous habitent
toujours. Vous avez ce souci du bien commun et pour votre prochain un grand respect
teinté d’amour.
Vous aimez votre métier et en ce temps de crise, de
pandémie et de confinement, ce n’est pas le temps de vous décourager, de jeter
les gants. Merci de continuer à nous donner les soins appropriés, à nous
apaiser. C’est le métier que vous avez choisi il y a maintenant 10 ans, 20 ans ou
30 ans.
Vous aimez votre métier, vous aimez les gens. Et même si parfois
vous y laissez de côté votre propre santé. Et même si vous n’avez pas toujours
ressenti l’appui dont vous auriez eu cruellement besoin à certaine occasion.
Nous sentons que vous ne nous laisserez jamais tomber.
Merci est un bien faible mot pour tout ce que vous faites.
Mais il est sincère et vrai.
Respectueusement,
Jean-Luc Jolivet
vendredi 20 mars 2020
LE BLUES DES CHIENS CONFINÉS
Les terrains vagues abandonnés
Les champs d’orge et de blé
Les promesses de chemins de fer
Les ruisseaux d’eau vive claire
J’ai la nostalgie de choses
Que je n’ai jamais connues
J’ai la nostalgie de roses
Qui écorchent les mains nues
Au rayon d’la vie en cage
Je
vous en passe un papier
C’est le
souffle de la rage
Qui
nous serre le collier
Je dois me faire à l’idée
Ce n’est pas demain la veille
Que mon horizon bouché
Ouvrira sur ces merveilles
C’est le lot des canidés
De ne pas avoir de marge
Mon museau bien enchaîné
Ne peut pas prendre le large
Au
rayon d’la vie en cage
Je
vous en passe un papier
C’est le
souffle de la rage
Qui
nous serre le collier
Sérieux le linoléum
N’est pas vraiment l’paradis
Si c’est c’que tu crois bonhomme
T’es vraiment un abruti
Le blues des chiens confinés
Durent depuis les temps anciens
Je n’veux pas faire pitié
Mon monde est un peu le tien
Au
rayon d’la vie en cage
Je
vous en passe un papier
C’est le
souffle de la rage
Qui
nous serre le collier
Jean-Luc Jolivet
dimanche 15 mars 2020
LES PROMESSES DU GMC SIERRA GRANDE BLEU ET BLANC 1971
Que je l'ai aimé ce camion ! Tout comme celle qui avait
la gentillesse de nous le passer d’ailleurs. Notre voisine et gardienne. Je
devrais dire, ange-gardienne. Ma chère madame Bernard. Ça prendrait un texte
juste pour elle, mais je ne me sens pas à la hauteur pour l’instant. Elle est
trop importante pour moi et me risquer à pondre un texte médiocre, c’est tout
simplement impensable.
Je disais donc, que j’aimais ce camion. Et comme je
l’écrivais plus haut, ce dernier ne nous appartenait même pas. Vous imaginez s’il
avait été à nous, je crois bien que j’aurais passé mes journées entières à
l’intérieur, à m’inventer toutes sortes d’aventures, à m’imaginer sillonner les routes nord-américaines où je suis né. J’ai
l’impression qu’il aurait fallu m’en sortir de force.
Ce n’est pas le seul qui m’ait fait rêver. Il y avait bien
les camions Mack de Vennes sur le coin de la 7e avenue et de la 15e
rue, les flat nose International du garage Robert sur la 6e avenue,
les Freightliner de Transport Chaîné proche de l’école Laflèche et les camions
de Gratien Paquin Meubles sur la 6e avenue, mais, le GMC Sierra
grande bleu et blanc 1971, est définitivement celui qui m’est resté tatoué sur le
cœur et dans l’esprit. Mon p’tit doigt me suggère que ce lien est peut-être dû à
la bienveillance des propriétaires. Allez savoir.
D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours été fasciné et
attiré par les véhicules motorisés. J’imagine que d’instinct, je savais ce
qu’ils représentaient. La découverte des grands espaces, les voyages, le
mouvement, en somme, la liberté.
Une chose est certaine, lorsque mon père faisait de grands
travaux sur et autour de la maison et qu’il avait besoin des services du GMC,
tout ce qui m’importait à ce moment-là, c’était d’y embarquer au plus vite.
Pour moi, c’était jour de fête. Il allait chercher le camion des Bernard sur la
13e avenue et je l’attendais impatiemment tout en guettant le moindre véhicule tourner le coin. Une fois
arrivé, je l’observais attentivement faire ses manœuvres de reculons dans le
stationnement pour ensuite y installer les planches qui servaient de pont entre
le terrain et la boîte du camion.
Et le travail commençait. J’avais beau m’imaginer bien
utile, je suppose qu’à 7 ou 8 ans - me souviens plus trop mon âge à cette époque -,
je devais plutôt être un peu dans les jambes. Toujours est-il que je faisais partie
de l’équipage et on me faisait sentir que j’avais pleinement ma place.
S’ensuivaient d’incessants allers-retours de la maison au
dépotoir sur le chemin de Saint-Jean-des-Piles. C’était pour moi le clou de la
fête. Dès que mon père disait on part et qu’il mettait le contact, l’excitation
était à son comble. L’aller et le retour se faisaient parfois dans la boîte - les
règles n’étaient pas les mêmes qu’aujourd’hui 😉 - et
parfois dans la cabine.
Peu importe mon choix, je savais tirer profit de ces deux possibilités.
Le vent dans les cheveux, le soleil dans la face, les
lignes blanches qui défilent, le son du métal, que de sensations formidables que
la boîte pouvait me procurer et que j’ai cherché à revivre toute ma vie. Probablement
pour ça que j’aime tant le vélo.
Et que dire de la cabine. Impression d’être en sécurité et
en parfait contrôle de la machine. Je m’imprégnais de tout ce que je voyais.
Tableau de bord, volant, bras de vitesse, les pédales d'embrayage et de frein etc. Il me tardait de me trouver
un jour aux commandes d’un pareil véhicule. Il m’a fallu patienter encore
plusieurs années, mais l’attente en a valu la peine.
En écrivant la conclusion de ce texte, une évidence me
saute aux yeux. Ce camion ne m’a pas juste fait vivre des moments inoubliables,
il n’a pas juste servi à transporter de la terre, des roches, du bois ou des
ti-culs. Sa boîte contenait aussi les germes d’un avenir plein de promesses.
Jean-Luc Jolivet
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