dimanche 15 mars 2020



LES PROMESSES DU GMC SIERRA GRANDE BLEU ET BLANC 1971

Que je l'ai aimé ce camion ! Tout comme celle qui avait la gentillesse de nous le passer d’ailleurs. Notre voisine et gardienne. Je devrais dire, ange-gardienne. Ma chère madame Bernard. Ça prendrait un texte juste pour elle, mais je ne me sens pas à la hauteur pour l’instant. Elle est trop importante pour moi et me risquer à pondre un texte médiocre, c’est tout simplement impensable.   

Je disais donc, que j’aimais ce camion. Et comme je l’écrivais plus haut, ce dernier ne nous appartenait même pas. Vous imaginez s’il avait été à nous, je crois bien que j’aurais passé mes journées entières à l’intérieur, à m’inventer toutes sortes d’aventures, à m’imaginer sillonner les routes nord-américaines où je suis né. J’ai l’impression qu’il aurait fallu m’en sortir de force.

Ce n’est pas le seul qui m’ait fait rêver. Il y avait bien les camions Mack de Vennes sur le coin de la 7e avenue et de la 15e rue, les flat nose International du garage Robert sur la 6e avenue, les Freightliner de Transport Chaîné proche de l’école Laflèche et les camions de Gratien Paquin Meubles sur la 6e avenue, mais, le GMC Sierra grande bleu et blanc 1971, est définitivement celui qui m’est resté tatoué sur le cœur et dans l’esprit. Mon p’tit doigt me suggère que ce lien est peut-être dû à la bienveillance des propriétaires. Allez savoir.

D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours été fasciné et attiré par les véhicules motorisés. J’imagine que d’instinct, je savais ce qu’ils représentaient. La découverte des grands espaces, les voyages, le mouvement, en somme, la liberté.

Une chose est certaine, lorsque mon père faisait de grands travaux sur et autour de la maison et qu’il avait besoin des services du GMC, tout ce qui m’importait à ce moment-là, c’était d’y embarquer au plus vite. Pour moi, c’était jour de fête. Il allait chercher le camion des Bernard sur la 13e avenue et je l’attendais impatiemment tout en guettant  le moindre véhicule tourner le coin. Une fois arrivé, je l’observais attentivement faire ses manœuvres de reculons dans le stationnement pour ensuite y installer les planches qui servaient de pont entre le terrain et la boîte du camion.

Et le travail commençait. J’avais beau m’imaginer bien utile, je suppose qu’à 7 ou 8 ans - me souviens plus trop mon âge à cette époque -, je devais plutôt être un peu dans les jambes. Toujours est-il que je faisais partie de l’équipage et on me faisait sentir que j’avais pleinement ma place.  

S’ensuivaient d’incessants allers-retours de la maison au dépotoir sur le chemin de Saint-Jean-des-Piles. C’était pour moi le clou de la fête. Dès que mon père disait on part et qu’il mettait le contact, l’excitation était à son comble. L’aller et le retour se faisaient parfois dans la boîte - les règles n’étaient pas les mêmes qu’aujourd’hui 😉 - et parfois dans la cabine.     

Peu importe mon choix, je savais tirer profit de ces deux possibilités.

Le vent dans les cheveux, le soleil dans la face, les lignes blanches qui défilent, le son du métal, que de sensations formidables que la boîte pouvait me procurer et que j’ai cherché à revivre toute ma vie. Probablement pour ça que j’aime tant le vélo.

Et que dire de la cabine. Impression d’être en sécurité et en parfait contrôle de la machine. Je m’imprégnais de tout ce que je voyais. Tableau de bord, volant, bras de vitesse, les pédales d'embrayage et de frein etc. Il me tardait de me trouver un jour aux commandes d’un pareil véhicule. Il m’a fallu patienter encore plusieurs années, mais l’attente en a valu la peine.

En écrivant la conclusion de ce texte, une évidence me saute aux yeux. Ce camion ne m’a pas juste fait vivre des moments inoubliables, il n’a pas juste servi à transporter de la terre, des roches, du bois ou des ti-culs. Sa boîte contenait aussi les germes d’un avenir plein de promesses.

Jean-Luc Jolivet    

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