jeudi 25 juin 2020



SANS ODOMÈTRE


Dire que cette nouvelle façon de pratiquer mon sport favori découle d’une décision impulsive et paradoxale. Où j’ai été à la fois trop pressé et outrageusement paresseux.

N’en pouvant plus d’attendre, dès que j’ai eu l’occasion de faire ma première sortie, j’ai enfilé à toute vitesse mon habillement, j’ai rempli ma bouteille, ramassé une poignée d’amendes ainsi qu’une barre de fruit et je me suis dépêché à préparer mon vélo. 

Au moment du départ, je me suis aperçu que je n’avais pas installé mon appareil de mesure.

C’est là que ma fénéantise a dit « d’la marde » et m’a soufflé à l’oreille « pas le goût pantoute de retourner au sous-sol pour aller le chercher, il est trop loin dans l’fond de la boîte. On va s’en passer pour aujourd’hui, allez bonhomme, on décampe ».

En parfaite symbiose avec ma paresse, je me suis laissé convaincre sans difficulté. Et puis je me suis fait cette réflexion, pourquoi vouloir à tout prix me surpasser, allons-y relaxe. 
Durant les premiers kilomètres, je dois avouer que ça me chicotait un brin quand même.

Mon côté compétitif s’est mis à narguer la part contemplative de ma personnalité et à y faire son procès. J’ai failli flancher et virer de bord pour quérir l’objet qui servirait à assouvir mon besoin de statistiques.

Faut dire que lors des saisons passées, j’ai été pas mal maniaque. Si la batterie était à plat ou si une défectuosité m’empêchaient d’engranger les chiffres, je notais tout sur un bout de papier pour, par la suite, une fois l’odo de nouveau en fonction, les y ajouter.
Ce serait quand même excessif de dire qu’avant, je n’avais les yeux rivés que sur mon compteur et que je négligeais le paysage. J’ai toujours su apprécier le décor lors de mes échappées.

Mais je me suis fait prendre au jeu et je prends goût à sortir sans ma patente. Ma négligence de départ soulève des questions et me donne envie de continuer ainsi. Comment je peux bien expliquer ça ?

Petit retour en arrière.

La petite reine est l’une des rares activités dont la passion originale n’a jamais été érodée par toutes ces années. À chaque virée que je prépare, j’ai les mêmes papillons au ventre que lorsque j’étais enfant. C’est donc dire que ma soif de liberté est aussi grande qu’avant et que, normalement, je ne devrais pas être obnubilé par ma performance.

C’est maintenant que je me rends compte que dans les faits, ce n’est pas toujours ainsi que les choses se sont passées.

Je réalise que bien souvent de fois, je suis revenu un peu frustré d’une excursion. Me sermonnant en disant. J’ai pris plus de temps que d’habitude pour faire un circuit banal. Ma vitesse moyenne n’est pas à la hauteur de mes attentes. Il m’aurait fallu ouvrir la machine pour monter plus vite cette côte. J’aurais dû travailler plus fort pour rattraper et dépasser le baveux qui m’a clenché à plate couture tantôt. La saison avance trop vite et les mauvais jours m’empêcheront de battre le kilométrage de l’année précédente. Je devrais m’acheter un vélo électrique ou accrocher ma monture et prendre ma retraite.

En un mot, ne rouler que pour le pur plaisir prenait passablement le bord d’année en année pour laisser le champ libre aux prouesses. Je voulais me surpasser. Pousser la machine. Battre mes propres records.    

Je ne sais combien de temps encore avant que je ne succombe aux chants des sirènes de la performance et que je réinstalle mon indicateur de vitesse ?

Pourrais-je m’en passer tout l’été ? Rien n’est moins sûr.

Pour l’instant je me laisse porter par cette félicité inattendue et non planifiée. 
 
Et je me dis que si je réussi à mouliner sans odomètre jusqu’à la première neige, peut-être réussirais-je à appliquer cette nouvelle philosophie dans les autres sphères de ma vie !

Jean-Luc Jolivet  
       




Fête nationale du Québec 24 juin 2020 sous le thème Unis

Unis par nos victoires
Unis par nos défaites
Unis par nos bons coups
Unis par nos erreurs
Unis par nos chagrins
Unis par nos joies
Unis par nos blessures
Unis par nos guérissons
Unis par nos silences
Unis par nos chants
Unis par nos défauts
Unis par nos qualités
Unis par nos rêves
Unis par nos désillusions
Unis par nos errements
Unis par nos espoirs
Unis par la beauté de nos grands espaces
Et, évidemment, Unis par nos prévisions météorologiques 😉

Au fond, nous sommes Unis par notre humanité.

Des humains imparfaits certes, mais Unis sous le même unifolié et - quoi qu’on dise, quoi qu’on fasse - un peuple inclusif, accueillant, résilient, parfois vacillant, mais toujours debout.