C’était un obstacle tout ce qu’il y a de plus normal. Du
moins, pour la majorité d’entre nous. Visiblement pas pour ce monsieur et pour
son chien guide que j’ai croisés ce matin.
Je m’apercevais bien qu’ils hésitaient. Son fidèle
compagnon et lui.
C’est pourquoi le monsieur a été bien reconnaissant du
p’tit coup d’main pour reprendre son chemin sans encombre afin de se rendre à
son rendez-vous.
Un simple chevalet qui bloque l’accès à un trottoir est habituellement
facile à contourner, mais force est d’admettre que ça devient tout un défi pour
les gens qui ont un handicap. Lorsque l’on peut s’appuyer sur toutes nos
facultés, il est aisé de faire un p’tit saut par la rue ou par le gazon sans
être trop incommodé ou indument ralenti. C’est une autre paire de manches et ça
devient plus dangereux d’emprunter un chemin non balisé lorsque nous vivons
avec des incapacités. Un creux dans le gazon peut facilement nous faire
trébucher et même mener à une entorse. Une voiture, un camion ou un cycliste peuvent
nous renverser, et pire, nous tuer.
Voilà ce qu’une simple anecdote peut nous faire réaliser.
Il y a des gens qui doivent se préparer, à chaque jour que
la vie amène, pour une course à obstacles.
Travaux sur leur chemin habituel, secondes dérisoires qui
leur sont accordées aux traverses pour piétons, trafic dense et rapide, gens
impatients, trottoir enneigé ou glissant sous la pluie, transport en commun pas
toujours adéquat, difficulté de trouver un emploi à la hauteur de leur possibilité,
j’en oublie et j’en passe.
Je sais bien qu’il y a des organismes et des âmes
charitables qui leur viennent en aide et qui leur offre des services, mais nous
sommes bien obligés de reconnaître que globalement, nous sommes plutôt sourds,
muets et aveugles face aux défis qui leur échoient quotidiennement.
Jean-Luc Jolivet