UN PEU PLUS D’HUMANITÉ
Nous n’étions pas des proches, des intimes et pourtant.
Je me souviens très bien de notre première rencontre.
C’était il y a exactement 3 ans. Le Québec était alors en élection. Nous étions
tous les deux à cette fête familiale et annuelle qui se déroule dans notre
ville adoptive à chaque automne. Tu étais venu vers moi avec ton sourire éclatant, ta bonne
humeur et ton appareil photo. Tu voulais prendre un cliché de nous. Me souviens
que ça m’avait fait du bien d’échanger avec quelqu’un qui partageait les mêmes
opinions politiques et, je t’avoue, ça avait amené un petit baume dans cette difficile campagne.
Nous nous sommes revus quelques mois plus tard dans les
couloirs de l’Assemblée nationale. Tu étais heureux de m’annoncer que tu venais
d’être embauché par le parti. C’est ainsi que par la suite, nous avons eu
l’occasion de se croiser régulièrement et de discuter sur différents sujets. Nos
conversations étaient toujours empreintes de respect, de pudeur, de bonne
humeur et d’espoir. Nous savions qu’au-delà du vernis des conventions sociales,
il y avait plus. Et c’est là que se font les vraies rencontres.
La dernière fois que nous nous sommes vus, il y a de ça 2
mois, tu passais nous dire au revoir et tu nous informais que tu entreprenais
le plus gros combat de ta vie. Soit celui, justement, de rester bien vivant pour
voir grandir tes deux petites filles.
Malheureusement, l’arbitre en a décidé autrement et a sifflé, beaucoup trop tôt, la fin du match.
C’est la raison pour laquelle nous nous retrouvons en ce magnifique
samedi de septembre 2015, dans le cœur de cette belle église, pour te rendre un
dernier hommage. C’est à la lumière des témoignages que j’ai pu prendre la
pleine mesure de ce que tu étais comme être humain. Tu étais un homme bon. La
tête remplie de projets. Un homme généreux et ouvert, qui savait qu’il faut se
retrousser les manches et suer si l’on veut faire avancer les choses et changer
les mentalités.
C’est sur le parvis de l’église, en compagnie des gens qui
t’aiment, alors que le cortège s’éloignait que j’ai compris le legs que tu nous
laisse. C’est à nous maintenant de porter le flambeau et de faire vivre ta
mémoire.
C’est à nous de faire en sorte, comme tu nous l’as si bien
enseigné, d’apporter un peu plus d’humanité en ce bas monde.
Jean-Luc Jolivet