ÉRIC BOUTET,
MON FRÈRE D’ARMES
Lorsqu’Éric m’a
demandé d’écrire un court texte à son sujet pour la biographie rédigée par le
Regroupement des Aveugles et Amblyopes du Québec (RAAQ), j’ai tout de suite
accepté. Ça fait assez longtemps que l’on se connait, me suis-je dit, que ça ne
devrait pas être trop difficile de pondre quelque chose.
Une fois la
décision prise, il me fallait trouver un angle. J’ai rapidement laissé tomber
le factuel pour y aller de façon plus personnelle. À mon avis, le lieu,
l’époque, la façon dont nous nous sommes rencontrés importent peu. C’est la
rencontre elle-même qui est importante.
Éric est plus
qu’un ami, c’est un frère. Un frère d’armes comme on aime bien se le répéter.
Je profite de ce petit clin d’œil à la chanson de Dire Straits - qu’il
affectionne particulièrement- pour glisser subtilement qu’Éric est un mélomane averti
et un musicien à ses heures. Et c’est un beau prétexte pour introduire le texte
qui va suivre.
En effet, c’est
peut-être un cliché, mais personne ne pourra contester que la vie en société
est un combat de tous les jours, et ce, pour tout le monde. Alors si, en plus,
la fortune vous a joué un mauvais tour, ça ajoute des écueils supplémentaires à
la bataille.
C’est justement
ça qui est fascinant avec mon pote. On oublie qu’il a un handicap visuel. Rien
ne l’arrête. Emmenez-en des études universitaires, du vélo, de la pêche, des
voyages d’aventure, des spectacles, de l’équitation, de la course à pied, du
hockey, des transports en commun, des rénovations, de la cuisson sur le BBQ et
j’en passe. En fait, je pourrais continuer encore longtemps, mais vous avez
compris. Éric aime la vie. Il a de la «drive»
et sait ce qu’il veut.
Doté d’une
mémoire phénoménale, d’un sens de l’humour remarquable -on a besoin d’être en
forme ou d’avoir les qualités d’un huissier pour saisir tous ses jeux de mots-,
d’une intelligence vive et d’une écoute active et empathique, on est choyé de pouvoir
compter sur son amitié.
Éric sait
parfaitement conjuguer la tête et le cœur. C’est un rationnel créatif si je
peux dire. Il sait habilement alimenter les feux qui l’animent. Il peut d’un
côté réfléchir jusqu’à plus soif pour trouver des solutions concrètes à des
problèmes complexes, et de l’autre, laisser toute la place à son imagination
débordante et à ses talents artistiques.
Enfin, je
dirais que sa capacité à rebondir sur ses pattes lorsque des coups durs
arrivent, pourrait nous faire croire que c’est lui qui a inventé le concept de
résilience.
Il y aurait tant à dire, mais comme l’espace est restreint, je vais m’arrêter ici.
J’ajouterais simplement ceci à ceux et celles qui seraient tentés de le prendre pour un saint après la lecture de ce texte. Je vous le confirme, Éric a aussi ses défauts. Oui, oui ! Il est comme vous et moi, il est humain. Il est un humain à part entière qui incarne parfaitement les paroles de Saint-Exupéry «on ne voit bien qu’avec le cœur».
Jean-Luc
Jolivet