On la bardasse, l’enfance. On la secoue, la surveille. On la remet à sa place. On ne lui donne aucun répit. On s’impatiente devant ses jeux. On ne lui offre plus l’espace nécessaire pour laisser libre cours à son imagination.
On voudrait
«l’adultériser» au plus sacrant. Pas de temps à perdre. Faut qu’elle devienne efficace
rapidement afin qu’elle fasse, elle aussi, sa juste part. Faut qu’elle
rapporte.
On la
néglige, l’enfance. On la laisse dans nos tacots les vitres fermées, au plein
soleil de juillet, pendant que nous courrons les spéciaux. On la laisse
déambuler à moitié nue sur les grands boulevards, aux petites heures du matin,
pendant qu’on boit sa bière peinard.
On ne la
laisse pas respirer, l’enfance. On lui fait faire son 9 à 5, en pleine canicule,
alors qu’on se la coule douce au bord de la piscine. On la boîte à «lunchise».
On la «pilulise». On lui en fait voir de toutes les couleurs.
Peut-être n’acceptons-nous
pas que notre propre enfance nous ait quittés un beau matin sans crier gare ? Peut-être
tentons-nous inconsciemment de la vider de son Essence ? Peut-être ne
tolérons-nous pas que d’autres en profitent ?
Toujours
est-il qu’elle s’ennuie, l’enfance. Elle a besoin de nous, l’enfance. Elle est
fatiguée. Elle cherche son air. Elle a besoin d’être encadrée, certes, mais, avant
tout, elle a soif d’être aimée. De se sentir accueillie.
L’enfance ?
Elle est essoufflée, l’enfance. Jean-Luc Jolivet
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