mardi 15 juillet 2014

L’ENFANCE À BOUT DE SOUFFLE


On la bardasse, l’enfance. On la secoue, la surveille. On la remet à sa place. On ne lui donne aucun répit. On s’impatiente devant ses jeux. On ne lui offre plus l’espace nécessaire pour laisser libre cours à son imagination.    

On voudrait «l’adultériser» au plus sacrant. Pas de temps à perdre. Faut qu’elle devienne efficace rapidement afin qu’elle fasse, elle aussi, sa juste part. Faut qu’elle rapporte.
On la néglige, l’enfance. On la laisse dans nos tacots les vitres fermées, au plein soleil de juillet, pendant que nous courrons les spéciaux. On la laisse déambuler à moitié nue sur les grands boulevards, aux petites heures du matin, pendant qu’on boit sa bière peinard.

On ne la laisse pas respirer, l’enfance. On lui fait faire son 9 à 5, en pleine canicule, alors qu’on se la coule douce au bord de la piscine. On la boîte à «lunchise». On la «pilulise». On lui en fait voir de toutes les couleurs.   
Peut-être n’acceptons-nous pas que notre propre enfance nous ait quittés un beau matin sans crier gare ? Peut-être tentons-nous inconsciemment de la vider de son Essence ? Peut-être ne tolérons-nous pas que d’autres en profitent ?

Toujours est-il qu’elle s’ennuie, l’enfance. Elle a besoin de nous, l’enfance. Elle est fatiguée. Elle cherche son air. Elle a besoin d’être encadrée, certes, mais, avant tout, elle a soif d’être aimée. De se sentir accueillie.
L’enfance ? Elle est essoufflée, l’enfance.

Jean-Luc Jolivet

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