LA RIDE DE VÉLO
Pour faire simple, vraiment simple, on pourrait dire que la vie se
résume à ceci : le départ et l’arrivée. Ou l’arrivée et le
départ, dépend comment on voit les choses.
Entre les deux, nous devons combler l’espace, remplir le vide.
Pour y parvenir, il y a plusieurs possibilités. Le travail, la
discussion, le tourisme, la photographie, la musique, la lecture,
l’informatique, la course à pied, la bouffe, l’élevage de pucerons, la culture
hydroponique, le flânage, la procrastination, et pourquoi pas, l’amour. En tout
cas, on s’entend pour dire que ce ne sont pas les distractions et les loisirs
qui manquent.
Pour ma part, ce qui m’allume à tout coup, c’est le vélo. En
effet, le bicycle fait partie de cette catégorie d’activité qui me ramène
littéralement à l’âge d’or de mon adolescence. Tout comme la pêche, le patin,
la baignade ou n’importe quel sport qui nécessite une balle, un ballon ou une
rondelle, la bicyclette me donne encore et toujours des papillons dans
l’estomac.
Comme un scout j’suis toujours prêt pour une p’tite sortie.
Évidemment, si le départ de la balade est prévu pour 6 h 30 du
matin, je bougonne un brin et on doit me tirer un peu l’oreille, mais une fois
que la machine s’est enclenchée, je roulerais à l’infini. Il y a seulement mes
pauvres jambes pour me ramener à l’ordre et me rappeler qu’à peine arrivé, je
dois repartir. Sans oublier qu’il y a de fortes chances qu’un vent de face
m’attende sournoisement dans le détour pour me narguer et avoir raison de ma
réserve d’énergie.
Ceci étant dit, ce que j’aime le plus quand je roule, c’est le
changement de perspective. Mon regard sur la vie se transforme carrément et
j’ai l’impression de me retrouver comme par magie dans un autre espace-temps,
une autre dimension.
Les odeurs, les sons, les paysages, l’architecture, tout semble
plus vrai, plus beau, plus humain. Et que dire du sentiment de liberté qu'une
bonne promenade me procure.
Nous pourrions poursuivre encore longtemps sur cette voie et
disserter jusqu’à plus soif sur les vertus de la bécane, mais ajoutons
simplement qu’il n’y a rien de mieux que la ride de vélo pour se décrasser le cœur
et s’alléger l’esprit.
Jean-Luc Jolivet