mercredi 26 juin 2013


SUFFISANCE

Du haut de nos certitudes

On observe
On juge
On toise

Il n’y a rien de plus merveilleux que….Soi

On décourage
On abaisse
On ridiculise

Il n’existe aucun être plus merveilleux que….Soi

Comment prendre ses distances du Je pour mieux accueillir le Nous ?

Jean-Luc Jolivet

2013-06-26

dimanche 23 juin 2013

BONNE FÊTE NATIONALE !

Profitons de cette pause méritée pour nous rassembler afin de célébrer, en toute liberté, notre culture, notre identité, nos valeurs et nos richesses collectives.

Rappelons-nous les combats menés et les victoires acquises par les générations précédentes et souvenons-nous que tout est encore à venir.

«Ça ne pourra pas toujours ne pas arriver, nous entrerons là où nous sommes déjà, car il n'est pas question de laisser tomber notre espérance » Gaston Miron

Québécoises, Québécois, de tous âges et de toutes origines, Bonne Fête nationale !

vendredi 14 juin 2013

*SPEAK WHITE AGAIN, TI-CUL !

Je suis né aux temps où trônaient les stop sur les coins de rues.
Je suis de l’époque des job, des shop, des bigshot, des foreman, des pipefitter, des office, des back store, des slip de paye, des slaker, de la Consolidated-Bathurst, de la Grand’Mère Shoes, de la Textile Weaver, de l’Assembly Hall, du Grand’mère Inn, des cook.
Je suis de l’ère des bumper, des wiper, des windshield, des tires, des flat, des bearing, des tank à gaz, des dash, des break à bras, des muffler, des truck, des char, des parking, des driveway, des one-way.
Je suis de l’âge des plaster, des toast dans le toaster, des freezer, des cooler, des Cool-Aid, des Pop tarts, des sink, des pantry, des lazy-boy, des chesterfield, des carpet, des « t’es donc ben swell », des backwash, des tank à l’huiles.
Je suis de la période des running shoes, des line-up, des coach, des next, des pitcher, des catcher, des homerun, des strikeout, des skateboard, des game, des game over, des goaler, des pad, des ref, des puck, des time out, des slapshot, des shoot, des jack strap, des « aweye skate, skate, move le  puck criss ».
Je suis de la génération des band de musique, des show, des stage, des albums live, des lead vocal, des back vocals, des bass, des lead guitar, des drums, des feedback.
Même le nom de ma ville natale s’écrivait avec une apostrophe au lieu d’un trait d’union. Et, parfois, les dimanches,  nous allions nous promener dans le quartier des riches pour admirer les grosses maisons. Nous nous y rendions par Riverside road.
Alors un jour, des gens se sont levés ! Des gens ont dit :
« C’est assez ! »
Ces personnes ont modifié le visage du Québec; ils ont changé le cours des choses; ils ont pris le relais des tous ces braves qui ont tenu le flambeau de la langue depuis 1760.
Les Lévesque, les Laurin, les Payette, les Desrochers, les Lecavalier, les Julien, les Godin, les Lalonde, les Ferretti, les Leclerc, les Miron, les Vigneault, les professeurs de français compétents et passionnés, des millions de personnes ont uni leurs forces afin de faire, réellement, du français, la langue officielle du Québec.
Et puis, 36 ans plus tard, sont arrivés les débats à l’Assemblée nationale sur la mise à jour nécessaire de la Charte de la langue française via le projet de loi no 14. Je peux vous dire que nous en avons entendu des vertes et des pas mûres de la part des oppositions. Ils se sont empressés de ramener sur le tapis les vieilles craintes et les préjugés d’antan.
Ils ont d’abord mis la table en niant le recul du français dans la région de MontréaI. Ensuite, pour attiser la peur, ils ont parlé de la police de la langue. Ils ont accusé le gouvernement, et par le fait même tous les défenseurs d’un Québec français, d’être fermés, repliés sur soi et intolérants. Ils ont ajouté qu’il fallait être de son temps, que l’on devait avancer, que l’on devait évoluer dans la vie.
Bref, ils ont dit : « Speak white again, ti-cul ! »
Comme plusieurs, j’en ai soupé de ces attaques mesquines et démagogiques. Pas seulement parce qu’elles sont fausses, mais parce que si nous ne faisons rien, si nous ne sommes pas vigilants, dans quel piteux état sera la langue française dans quelques années, je vous l'demande ? 
Comprenons-nous bien. L’apprentissage d’une ou de plusieurs langues, c’est un avantage indéniable et c’est justement s’ouvrir sur une autre culture que de le faire. C’est exactement ce qui est proposé aux néo-Québécois : la découverte de cette merveilleuse langue qui est la nôtre et l’occasion pour eux de venir enrichir notre culture, qui est déjà reconnue à travers le monde, et d’apporter à ce Québec français qu’on aime tant, cette touche spéciale qui nous rend si unique dans le nord de l’Amérique.   

Jean-Luc Jolivet
14 juin 2013
*Speak white est le titre d'un poème écrit par Michèle Lalonde en 1968.

dimanche 9 juin 2013

LA PEUR

Tiré d’un évènement banal plus révélateur qu’une psychanalyse longue et coûteuse !

Tu te souviens d’un certain vendredi soir de septembre 2011, devant la télé,  où ta mère et toi me taquiniez au sujet d’une participation à un jeu télévisé sur l’actualité, à Télé-Québec ?

Vous vouliez que j’imite mon collègue de travail, que je qualifiais de courageux, et que j’envoie mon inscription. Vous étiez prêtes à l’envoyer pour moi.

Je réprouvais énergiquement en mentionnant ma mémoire défaillante, mon incapacité à faire face à la pression et la peur d’avoir l’air fou. Je t’avais même fait part d’un traumatisme de l’école primaire dont tu avais démoli l’argumentaire en moins de deux.

C’est alors que tu t’es tournée vers moi avec ton regard sage, doux, dénué de malice, mais néanmoins rempli de fermeté et d’assurance et que tu m’as dit ce qui ressemble à ceci : « ça veut dire que t’es un peureux ». Et vlan ! Pas mêlant, un coup de 2 par 4 en plein front m'aurait semblé plus doux.

Tu es allée, avec une précision chirurgicale, mettre directement le doigt sur la faille, sur ma blessure intérieure. J’étais démasqué. Voilà le vrai visage de ton père. Un pissou, un peureux, un pleutre, un craintif, un trouillard etc.

J’étais un peu déstabilisé. J’ai tenté de prendre ta remarque avec un grain de sel et d’y saupoudrer un peu d’humour, mais je ne voulais pas que la peur ait le dernier mot. J’ai alors voulu noyer le poisson avec des explications boiteuses et anémiques. Je me préparais quand même à te donner une image plus reluisante de moi, mais le souper est arrivé et j’ai dû me concentrer sur mon steak qui avait tout à coup, je ne sais trop pourquoi, un petit arrière goût.

Sois rassurée, si j’écris aujourd’hui sur cet évènement banal, ce n’est pas pour te rendre mal à l’aise ou pour te blâmer. Loin de là. Je souhaite simplement relativiser. Au départ, je voulais ergoter comme un expert sur la peur. Prendre mes distances et te parler froidement de ce sujet qui existe depuis la nuit des temps. Et j’ai dit merde ! Je vais donc te parler en toute franchise à propos de la peur. 

Tu vois, je te dirai simplement que :

Malgré le vertige, j’ai pris l’avion plusieurs fois, dont un de brousse. J’ai fait d’arbre en arbre du début à la fin. J'dois te dire que le verre de vin était excellent par la suite ;-) Je déneige régulièrement le toit de l’abri d’auto. Je suis monté dans la Tour du CN où je me suis couché sur le plancher de verre. Tu le sais, tu y étais et nous avons même une preuve photo !

Malgré des épisodes d’angoisse profonde dans ma jeunesse et d’agoraphobie, j’ai toujours travaillé dans le service public et j’ai toujours fait face à la foule. Sueurs froides garanties !

Malgré ma timidité et mon trac, j’ai déjà parlé devant près de 400 personnes et fait un spectacle devant une foule de plus de 1 000 personnes. Textes de mon cru servi tout cuits !       

Malgré mon malaise face à la controverse, j’ai fait de la politique municipale comme conseiller. Ce qui m’a amené à défendre mes convictions et à m’exprimer en public et dans les médias. Merci monsieur le maire pour vos bons maux...oups mots à mon égard !

Malgré la peur de l’échec amoureux, j’ai demandé ta mère en mariage. La chanceuse !

Malgré ma crainte de voir ce monde exploser, je t’ai accueillie dès les premières secondes de ta naissance. Tu avais tous tes morceaux !

Je pourrais continuer ainsi, mais pour éviter d’avoir l’air de brosser un autoportrait plus grand que nature, j’arrête là. C’est assez banal ce que je t’écris en fait. C’est ce que nous vivons tous et toutes à différents degrés.   

Je souhaitais simplement te démontrer que malgré la peur qui nous colle constamment aux fesses, nous avançons tout de même. Malgré le flou, l’incertain, l’inconstant, le fragile, l’imprécis, l’imprévisible, le nébuleux, le précaire, le douteux, nous tendons vers la face lumineuse de la vie. En résumé, nous carburons à l’Espoir.

Malgré la crainte et au-delà de la frousse, ton père n’a pas peur de te dire : Je t’aime !  

Papa poule
Septembre - Octobre  2011  

vendredi 7 juin 2013


L’ENNUI

Lorsque l’ennui me prend à la gorge, lorsqu’il me clou sur place sans espoir d’un nouveau soleil.

Lorsque mon âme est pareille à un champ sec que le feu regarde d’un œil ravageur.

Il est peut-être temps, il est peut-être l’heure, de m’extirper de cet état de langueur.

Il me faut me remettre en mouvement.

mardi 4 juin 2013


AMI PIERROT

Salut l’ami, comment vas-tu ?

Ça fait longtemps que je n’t’ai vu. Es-tu toujours à la recherche de la bonne phrase et du bon mot ? Allez dis-moi mon cher Pierrot, fais pas la gueule, sors de ta cache, accroche-toi à cette perche et réponds vite à mon courriel !

Oui, je le sais bien, je ne suis pas fou, que t’en as pris pour tout ton soûl. Est-ce une raison pour faire brûler la moindre phrase, le moindre mot que t’as fait naître de ton cerveau ?

J’suis malhabile, j’dois l’avouer, mais réponds vite à mon appel !

Pierrot la lune, Pierrot le doux, Pierrot le fou, voici ma plume, veux-tu m’écrire un petit mot ?
Ta chandelle est morte, tu n’as plus le feu ? Je t’ouvre ma porte, viens te reposer un peu.   

Salut mon vieux, c’est moi Pierrot, oublie moi donc mon cher frérot, car la vie ce bête animal n’a cherché qu’à me faire du mal. Tous les livres que j’ai écrits ne m’ont apporté que du mépris. Merci pour ta sollicitude, mais je me nourris de solitude

Jusqu’à ce jour, j’savais me refaire, mais à présent, je dois me taire. Mon passé me fait la vie dure et mon avenir n’a plus de futur. J’avais espoir que la lumière, comme le chante Cohen notre frère, se fasse un chemin dans une fissure, mais ils m’ont craché à la figure.

Pierrot la lune, Pierrot le sot, accroche sa plume et a dit son dernier mot.
Sa chandelle est morte et il n’a plus le feu. Il ferme sa porte, pour se reposer un peu.   

Pierrot la lune, Pierrot le doux, Pierrot le fou, t’avons-nous défendu si mollement ?
Pouvons-nous te relancer à ce sujet ? Ton verbe est remisé temporairement ?
Pierrot la lune, Pierrot le doux, Pierrot le fou, nous sommes bien seuls dans cet épais brouillard.

Effectivement, j’en ai assez de jouer les sots. J’accroche ma plume et je n’écrirai plus un mot.
Ma chandelle est morte et je n’ai plus le feu, je ferme ma porte et m’en remets à Dieu.

Jean-Luc Jolivet
Janvier 2008