vendredi 14 juin 2013

*SPEAK WHITE AGAIN, TI-CUL !

Je suis né aux temps où trônaient les stop sur les coins de rues.
Je suis de l’époque des job, des shop, des bigshot, des foreman, des pipefitter, des office, des back store, des slip de paye, des slaker, de la Consolidated-Bathurst, de la Grand’Mère Shoes, de la Textile Weaver, de l’Assembly Hall, du Grand’mère Inn, des cook.
Je suis de l’ère des bumper, des wiper, des windshield, des tires, des flat, des bearing, des tank à gaz, des dash, des break à bras, des muffler, des truck, des char, des parking, des driveway, des one-way.
Je suis de l’âge des plaster, des toast dans le toaster, des freezer, des cooler, des Cool-Aid, des Pop tarts, des sink, des pantry, des lazy-boy, des chesterfield, des carpet, des « t’es donc ben swell », des backwash, des tank à l’huiles.
Je suis de la période des running shoes, des line-up, des coach, des next, des pitcher, des catcher, des homerun, des strikeout, des skateboard, des game, des game over, des goaler, des pad, des ref, des puck, des time out, des slapshot, des shoot, des jack strap, des « aweye skate, skate, move le  puck criss ».
Je suis de la génération des band de musique, des show, des stage, des albums live, des lead vocal, des back vocals, des bass, des lead guitar, des drums, des feedback.
Même le nom de ma ville natale s’écrivait avec une apostrophe au lieu d’un trait d’union. Et, parfois, les dimanches,  nous allions nous promener dans le quartier des riches pour admirer les grosses maisons. Nous nous y rendions par Riverside road.
Alors un jour, des gens se sont levés ! Des gens ont dit :
« C’est assez ! »
Ces personnes ont modifié le visage du Québec; ils ont changé le cours des choses; ils ont pris le relais des tous ces braves qui ont tenu le flambeau de la langue depuis 1760.
Les Lévesque, les Laurin, les Payette, les Desrochers, les Lecavalier, les Julien, les Godin, les Lalonde, les Ferretti, les Leclerc, les Miron, les Vigneault, les professeurs de français compétents et passionnés, des millions de personnes ont uni leurs forces afin de faire, réellement, du français, la langue officielle du Québec.
Et puis, 36 ans plus tard, sont arrivés les débats à l’Assemblée nationale sur la mise à jour nécessaire de la Charte de la langue française via le projet de loi no 14. Je peux vous dire que nous en avons entendu des vertes et des pas mûres de la part des oppositions. Ils se sont empressés de ramener sur le tapis les vieilles craintes et les préjugés d’antan.
Ils ont d’abord mis la table en niant le recul du français dans la région de MontréaI. Ensuite, pour attiser la peur, ils ont parlé de la police de la langue. Ils ont accusé le gouvernement, et par le fait même tous les défenseurs d’un Québec français, d’être fermés, repliés sur soi et intolérants. Ils ont ajouté qu’il fallait être de son temps, que l’on devait avancer, que l’on devait évoluer dans la vie.
Bref, ils ont dit : « Speak white again, ti-cul ! »
Comme plusieurs, j’en ai soupé de ces attaques mesquines et démagogiques. Pas seulement parce qu’elles sont fausses, mais parce que si nous ne faisons rien, si nous ne sommes pas vigilants, dans quel piteux état sera la langue française dans quelques années, je vous l'demande ? 
Comprenons-nous bien. L’apprentissage d’une ou de plusieurs langues, c’est un avantage indéniable et c’est justement s’ouvrir sur une autre culture que de le faire. C’est exactement ce qui est proposé aux néo-Québécois : la découverte de cette merveilleuse langue qui est la nôtre et l’occasion pour eux de venir enrichir notre culture, qui est déjà reconnue à travers le monde, et d’apporter à ce Québec français qu’on aime tant, cette touche spéciale qui nous rend si unique dans le nord de l’Amérique.   

Jean-Luc Jolivet
14 juin 2013
*Speak white est le titre d'un poème écrit par Michèle Lalonde en 1968.

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