AMI PIERROT
Salut l’ami, comment vas-tu ?
Ça fait longtemps que je n’t’ai vu. Es-tu toujours à la recherche de la bonne phrase et du bon mot ? Allez dis-moi mon cher Pierrot, fais pas la gueule, sors de ta cache, accroche-toi à cette perche et réponds vite à mon courriel !
Oui, je le sais bien, je ne suis pas fou, que t’en as pris
pour tout ton soûl. Est-ce une raison pour faire brûler la moindre phrase, le
moindre mot que t’as fait naître de ton cerveau ?
J’suis malhabile, j’dois
l’avouer, mais réponds vite à mon appel !
Pierrot la lune, Pierrot le doux, Pierrot le fou, voici ma
plume, veux-tu m’écrire un petit mot ?
Ta chandelle est morte, tu n’as plus le feu ? Je t’ouvre ma
porte, viens te reposer un peu.
Salut mon vieux,
c’est moi Pierrot, oublie moi donc mon cher frérot, car la vie ce bête animal n’a cherché qu’à me
faire du mal. Tous les livres que j’ai écrits ne m’ont apporté que du mépris. Merci
pour ta sollicitude, mais je me nourris de solitude
Jusqu’à ce jour, j’savais
me refaire, mais à présent, je dois me taire. Mon passé me fait la vie dure et
mon avenir n’a plus de futur. J’avais espoir que la lumière, comme le chante
Cohen notre frère, se fasse un chemin dans une fissure, mais ils m’ont craché à
la figure.
Pierrot la lune,
Pierrot le sot, accroche sa plume et a dit son dernier mot.
Sa chandelle est morte
et il n’a plus le feu. Il ferme sa porte, pour se reposer un peu.
Pierrot la lune, Pierrot le doux, Pierrot le fou, t’avons-nous
défendu si mollement ?
Pouvons-nous te relancer à ce sujet ? Ton verbe est remisé
temporairement ?
Pierrot la lune, Pierrot le doux, Pierrot le fou, nous
sommes bien seuls dans cet épais brouillard.
Effectivement, j’en ai assez de jouer les sots. J’accroche
ma plume et je n’écrirai plus un mot.
Ma chandelle est morte et je n’ai plus le feu, je ferme ma
porte et m’en remets à Dieu.
Jean-Luc Jolivet
Janvier 2008
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