LE HOCKEY
(À tous les kids qui nourrissent une
passion, continuez batêche, lâchez pas !)
Pendant plus d’une décennie, le hockey a
été toute ma vie. J’en mangeais comme on dit. Je jouais au hockey sur table,
dans le sous-sol, dans les gymnases, dans la rue, à la patinoire extérieure, à
l’aréna et….dans mes rêves. L’expression « y est né avec des patins din pieds »
me faisait comme un gant.
Selon mes souvenirs, les premiers papillons
se sont manifestés à l’aréna de Grand-Mère lors d’un match de mon frère aîné.
Je devais avoir environ 6 ans. J’étais accoté sur le bord de la bande, juste à
côté du banc des joueurs, et je fixais l’équipement du gardien. Le masque, les
jambières, le biscuit et la mite - comme on les appelait - retenaient toute
mon attention. Comment faire autrement ? Le gars avait l’allure d’un vrai
guerrier ! Ce sont les cris de la foule, alors que l’équipe de mon frère venait
de marquer un but, qui m’ont sorti de mes rêveries. Maudit que j’aurais tout
donné pour être sur la glace à ce moment précis. C’était décidé, moi aussi je pratiquerais
ce sport et probablement comme gardien de but !
Laissez-moi vous dire qu’en revenant à la
maison, je ne tenais plus en place ! Je talonnais sans cesse mes parents. « Papa,
maman, moi aussi je veux jouer au hockey à l’aréna, moi aussi, comme Benoît, je
souhaite être dans une équipe. » Svp que je les suppliais avec insistance ! Alors, mes parents m’ont fait comprendre
qu’il était trop tard pour m’inscrire et que je devais patienter encore une
grosse année. Imaginez, j’avais de la misère à attendre 2 semaines avant
d’ouvrir mes cadeaux de Noël, comment ferais-je pendant 12 longs mois !?
Finalement, tout est allé très vite. Pas vu
le temps passer. Faut dire qu’il n’était pas question que je reste assis sur
mes lauriers et que je me pogne le beigne. J’avais un gros kick et y était pas
question de laisser tomber cette passion pour une question de délai. Je venais
d’entrer en religion et j’étais prêt pour mon chemin de croix. Un jour,
j’aurais également ma place dans le temple municipal qu’était notre mini Forum
à nous.
C’est alors que tout s’est enclenché. J’me
suis mis à regarder assidument la Soirée
du Hockey, à porter quasiment jour et nuit un superbe chandail de laine des
Red Wings de Detroit, à me pratiquer dans le sous-sol avec une balle de tennis
où j’ai, oh ! malheur ! démoli mon beau train électrique avec mes lancers frappés de débutant. Non, mais, quel cave que j’me suis dit des années plus
tard ! Et finalement, à jouer seul dans la rue avec mon hockey à palette plate,
mes 4 mottes de neige comme but et ma belle rondelle noire qui sentait bon le
caoutchouc. C’est assez capoté, j’étais à la fois le commentateur, le joueur
vedette, la foule, l’arbitre et le conducteur de Zamboni. Cibole, tout ça sans
même avoir ingurgité une seule substance illicite. De l’imagination pure et
simple ou un beau cas de psychiatrie, dirait un p’tit farceur ! En tout cas,
c’était le temps béni où l’ennuyance
ne faisait pas encore partie de ma vie.
Mais, la cerise sur le sundae, c’est
lorsque mon père nous a acheté un beau jeu de hockey sur table tout neuf. Croyez-moi,
y était écœurant avec ses joueurs en 3 dimensions - aux couleurs des Bruins de
Boston et des Black Hacks de Chicago - son tableau pour marquer les points, d’où
on pouvait faire glisser la rondelle pour qu’elle soit mise au jeu, et sa
fameuse coupe Stanley en miniature ! Les premières choses que je faisais en
arrivant de l’école, c’était de garocher mon sac dans un coin, de me ramasser 2 Oreo avec un verre de lait et de descendre au sous-sol pour aller m’amuser avec
mon jeu. Le bonheur que j’vous dis !
Pis là, enfin, arriva le moment tant
attendu. L’inscription pour le hockey mineur. Je savais déjà patiner, mais je devais,
à cause de mon âge j’imagine, débuter comme Novice. Qu’à cela ne tienne,
j’étais prêt à apprendre tous les rudiments du sport, à perfectionner mon coup
de patin et le contrôle de la rondelle. À ce niveau, il n’y avait pas de partie
officielle, mais beaucoup de pratique et d’exercice pour nous préparer à
devenir Atome. Mon choix se cristallisait à chaque fois que je sautais sur la
glace. Superbe année qui s’est terminée avec une « vraie » partie où les
gardiens n’étaient en fait que des joueurs qui voulaient tenter le coup et où
nos entraîneurs faisaient office d’arbitre. Fallait nous voir aller, une bonne vingtaine
sur la glace tout en motton - le comble de l’anarchie - courir comme des poules
pas de tête après la rondelle pour essayer de la mettre dans l’net. C’était
chic ! C’est quand même durant ce match que, dans l’euphorie la plus totale, je
marquais mon premier but à vie et que je décidais finalement de devenir joueur avant.
C’est sûr que je pourrais continuer encore
longtemps. On va dire comme on dit, ce ne sont pas les anecdotes qui manquent. Par contre,
l’idée ici ce n’est pas de vous ennuyer et de vous emmerder, mais de rendre
votre lecture un brin agréable. Permettez-moi quand même d’y aller en rafale
avec quelques souvenirs qui me sont revenus comme une vague l’année de mes 40
ans.
À ce moment-là, j’me trouvais chanceux pas mal
d’avoir eu la possibilité, que dis-je, la chance de jouer au hockey et de
remporter des trophées et des médailles.
Je me suis souvenu du tournoi Atome de
Louiseville qu’on avait gagné avec les Alouettes.
Je me suis souvenu de ma première paire de patin à lames noires. Des Delta 444 que je gardais dans les pieds en regardant le hockey.
Je me suis souvenu de ma première paire de patin à lames noires. Des Delta 444 que je gardais dans les pieds en regardant le hockey.
Je me suis souvenu de cette fin de semaine à
St-Constant pour un match amical des équipes étoiles de nos villes respectives.
On était monté en bus, sans les parents, et on couchait dans les familles qui
nous recevaient.
Je me suis souvenu d’avoir fait soulever la
foule au Tournoi Pee-Wee de Grand-Mère en faisant le 1er but de la
soirée avec à peine 2 minutes de jouées dans la partie. C’était avec les
Éperviers. J’avais fait 2 buts 1 passe dans notre victoire de 5 à 2. Même ma
prof qui assistait au match en avait parlé en classe le lendemain !
Je me suis souvenu de cette participation
au Tournoi internationale de Hockey Pee-Wee de Québec avec les Selects. Ça
faisait au moins 20 ans qu’une équipe de Grand-Mère s’était présentée. On avait
eu l’opportunité de voir jouer le frère de Wayne Gretzky et de le saluer par la
suite.
Je me suis souvenu de la finale au Tournoi
Pee-Wee de Grand-Mère, avec les Selects également. C’était bondé et on avait de
la difficulté à respirer à cause de la fumée de cigarette. Oui, ça fumait à
l’époque dans les arénas !
Je me suis souvenu et me souviendrai, pour
toujours, de ma dernière saison avec les Dauphins dans la catégorie Bantam. Notre équipe avait terminé en
première position, nous avions gagné le Tournoi de St-Georges de Champlain -
j’avais reçu le trophée du joueur du tournoi - et nous avions remporté les séries
éliminatoires de notre circuit.
Je me souviendrai à jamais de l’odeur des
patates sauces, des hot dogs steamés, de la glace fraîchement faite, de l’ambiance
enivrante des tournois et de ce moment inoubliable où l'entraîneur me donnait le signal d'aller, à mon tour, sur la glace.
En terminant, j’aimerais ajouter que le
hockey m’a sauvé de bien des écueils. Il m’a aidé à forger mon caractère, à
passer au travers de bien des difficultés et à me sentir important durant cette
période de la vie qui n’est pas toujours facile. Et ça, c’est grâce à mes
généreux parents, à mes excellents entraîneurs, sans exceptions, et à mes
talentueux coéquipiers.
Jean-Luc Jolivet