lundi 27 mai 2013

LE PIANISTE GENTILHOMME

Le dimanche 22 mai dernier, je suis allé écouter un pianiste aux mains miraculeuses. C'était aux Jardins du Haut Saint-Laurent à St-Augustin-de-Desmaures.

Pas de journaliste, aucune caméra, pas l'ombre d'un album à vendre. De toute évidence, le salaire de ce musicien bénévole est le bonheur que distille son instrument dans le coeur des auditeurs attentifs et émus.    

L’interprète originaire de La Tuque, mais Lorettain depuis 30 ans minimum, sait ce que veut dire le mot respect.

Ce gentilhomme aux doigts magiques, que des inconditionnels attendaient impatiemment, a fait des prodiges. Ici, il a fait apparaître des étoiles dans les yeux fatigués, là, il a redonné la mémoire à des gens dont le quotidien « s'ouvre sur le trou blanc de l'oubli », plus loin, il a respectueusement joué la pièce qui ramenait l'auditeur sur les rives de sa jeunesse, enfin, il a insufflé du tonus et du rythme à des muscles que plusieurs croyaient endormis pour toujours.       

Au nom de tous les gens présents, merci Jean-Guy Dufresne !

Jean-Luc Jolivet
Mai 2012  

dimanche 19 mai 2013

Lundi 20 mai 2013
LES PATRIOTES
Aujourd’hui, je me secoue un peu.
Aujourd’hui, j’oublie mes p’tits bobos.
Aujourd’hui, j’oublie les humiliations et les blessures infligées à notre peuple.
Aujourd’hui, je prends la plume en ayant en tête les mots liberté, démocratie et vigilance.
Aujourd’hui, j’apporte mon grain de sel aux célébrations de la 10e Journée nationale des Patriotes.
Aujourd’hui, je prends la parole afin d’honorer la mémoire des patriotes de 1837-1838.
En fait, que célébrons-nous au juste en ce mois de mai 2013?  Bien, nous soulignons la lutte pour la reconnaissance nationale de notre peuple, et tout spécialement, la tenue au printemps de 1837 de vastes assemblées publiques qui se sont tenues partout au Québec.
Ceci étant dit, il ne faut pas oublier que la lutte patriote, qui est un épisode incontournable de notre histoire, s’étend sur près de soixante ans. En fait, ce sont quatre générations (la génération Bédard, la génération Papineau, la génération des « rebelles » et la génération LaFontaine) qui se sont portés à la défense de nos droits collectifs.    
Le rendez-vous d’aujourd’hui est l’occasion de commémorer la conquête de nos droits civils et de donner corps à la devise du Québec : Je me souviens.
À ceux et celles qui seraient tentés de minimiser l’apport des patriotes à une société plus juste et plus libre, je répondrai que c’est à eux, les patriotes, que l’on doit la naissance de la presse libre au Canada (1806), du premier parti démocratique (1827), du réseau scolaire francophone laïc (1829), d’une fête et d’une Société Saint-Jean-Baptiste (1834) et de la conquête, pour nous, du gouvernement responsable (1849).
C’est également avec émotion que je rends hommage à tous ceux qui sont morts côte à côte sur l’échafaud de la honte. Il est de notre devoir de nous souvenir de ces gens qui n’ont pas hésité à donner leur vie afin que nous puissions vivre, encore, en 2013 dans une société plus égalitaire.
En plus de notre devoir de mémoire, nous avons celui de vigilance. Ces droits obtenus de haute lutte sont fragiles. À l’heure des attaques du gouvernement fédéral dans nos juridictions et d’un certain désintéressement envers la politique, il est essentiel, primordial, d’y porter une attention de tous les instants.   
En terminant, nous devons nous inspirer de la ténacité, de l’opiniâtreté, des convictions et de la soif de liberté des patriotes afin qu’un jour le pays qui est sous nos pieds, le pays qui est là et qui existe géographiquement puisse enfin émerger et devenir réalité.
Jean-Luc Jolivet

mercredi 15 mai 2013

SOUVENIRS DE MÉGOT

Le goût de fumer m’ayant happé très tôt durant ma tendre enfance, il fut donc tout à fait naturel de tenter de griller une bonne clope vers l’âge vénérable de 9 ans et demi.

Prenant mon courage à une main et mon gros 2 piastres de l’autre, je me présentai au dépanneur du coin avec mes réponses toutes prêtes au cas où la caissière me ferait subir une interrogation en règle. Déstabilisé par l’indifférence de cette dernière et par cette question inattendue : « avec ou sans filtre ? » Je repartis fébrile avec mon p’tit bonheur et mes allumettes en papiers.

Le geste irréfléchi que j’allais commettre par la suite et la réaction spontanée et énergique du gardien de la morale familiale, en l’absence du paternel, auraient pu compromettre notre relation fraternelle pour un sacré bout de temps. Cet incident diplomatique a bien failli éteindre la bonne entente que nous avions à ce moment et allumer, à tout jamais, le feu de la rancœur. Mon frère, mon aîné, mon idole, celui-là même qui faisait un tabac à la salle polyvalente avec sa guitare ou dans la pièce de théâtre «appelez-moi Stéphane», allait me brûler auprès de l’autorité parentale. Hé ! oui chers amis (es), Benoît Jolivet, Ben le Ben, l’abré-Ben, Be-Be a déjà été un porte panier, un vulgaire mouchard !

Jugez par vous-mêmes. Voici les faits :

Il n’y a rien de plus normal, après une éreintante journée en 4e année B, qu’un pauvre bougre veuille relaxer un peu avant de retourner aux devoirs et aux leçons. C’est ce que je m’apprêtais à faire en cette belle fin de journée d’automne 1979. Me croyant à l’abri des regards indiscrets et des « stouleurs » de premières derrière la maison, quelle ne fut pas ma « stupre-et-faction », alors que j’allais enfin pouvoir allumer cette satanée cigarette pas de boutte, de croiser le visage aussi étonné que rébarbatif de mon frère aîné qui, devant la tivi du sou-sol, devait attendre avec impatience la projection du film Duel au cinéma de 5 h.

Ébranlé et choqué par cette vision, l’aîné de la famille s’extirpa sans difficulté de son lazy-boy. N’écoutant que son courage et sa conscience, il décida de risquer sa vie pour sauver la mienne. En effet, le king des ados qu’était Benoît à cette époque oublia le danger et sortit par la minuscule fenêtre du sous-sol, chose qu’il aurait peut-être de la difficulté à faire 26 ans plus tard, pour me mettre la main au collet.

S’en suivit une course folle qui, disons-le, était perdue d’avance. J’avais beau me penser bien caché dans la haie de cèdres rachitiques des Giguère sur la 9e rue, le flair de notre inspecteur improvisé eut tôt fait de me débusquer. Peu impressionné par mon « pétage de broue » et par ma mise en scène maladroite, mon frère, mon aîné, mon idole fit disparaître, du revers de la main, tous ces écrans de fumée.

Naturellement, j’ai eu droit, par la suite, à une conférence au sommet présidée par notre patriarche.

Ce que je croyais être un excès de zèle à l’époque m’est apparu avec le temps la meilleure décision à prendre à ce moment puisque le démon de la cigarette est disparu pour toujours.

Merci à toi mon frère, mon aîné, mon idole grâce à toi je ne suis pas obligé de me mettre des patches de Nicorette ou de suivre un programme gouvernemental pour cesser de fumer.

samedi 11 mai 2013


IMAGINE

Imagine mon amie
Imagine pour un instant
Que dans le cœur des arbres
Dans la sagesse de leur feuillage
Y reposent des âmes
Des âmes de grande bonté
Et d’éternelle jeunesse
Imagine encore un peu
Que le vent qui les caresse
Soit un chant d’espoir
Pour nos cœurs assoiffés

mardi 7 mai 2013


LES MATINS

Petit à petit
Je sors de mes songes
Et reviens à la vie
Petit à petit
J’ouvre les paupières
Et dévisage mon réveil  
Petit à petit je consulte mon sextant
Et me retiens d’exploser mon cadran
Petit à petit je bouge ma carcasse
Et me prépare à un autre matin

Toujours heureux, bien qu’engourdi,
De sentir ce souffle chaud envahir mes poumons

lundi 6 mai 2013



Une amie, enseignante au secondaire, m’a demandé en février dernier si j’avais un texte qui pouvait cadrer avec leur semaine thématique qui avait pour titre Tout le monde est important. Je n’en avais pas. J’ai donc tenté ceci. Je ne sais pas ce qu’il est advenu de cet écrit, mais elle était satisfaite et j’étais heureux.


TOUT LE MONDE EST IMPORTANT 

Que serait le pain sans levain
Et sans la science du boulanger ?

Il est certain que sans matelots
Le capitaine serait bien seul sur le bateau

Et comment pourrait s’exprimer
Le musicien sans son luthier ?

C’est par l’addition de notes
Que se crée la mélodie

En tout cas pour moi c’est très clair
Reliés par notre unicité
Nous sommes le sel de la terre
Au diable le chacun pour soi
Ça me semble assez évident
Que tout le monde est important

Je sais que la solitude
Dans ce monde cloisonné
Peut te paraître un refuge
Qui te protège des préjugés

C’est en donnant que l’on reçoit
Et tout comme un et un font deux
Sans l’autre, impossible d’être heureux
Maintenant il n’en tient qu’à toi

En tout cas pour moi c’est très clair
Reliés par notre unicité
Nous sommes le sel de la terre
Au diable le chacun pour soi
Ça me semble assez évident
Que tout le monde est important

C’est comme le sable sur la plage
Qui s’amoncelle et forme un tout
Sans toi, sans nous, sans lui, sans elle
Dites-nous le monde s’en irait où ?

Pour que cela tienne debout
Tu dois mettre l’épaule à la roue
Au risque de me répéter
Le bonheur n’existe vraiment que s’il est partagé*

En tout cas pour moi c’est très clair
Reliés par notre unicité
Nous sommes le sel de la terre
Au diable le chacun pour soi
Ça me semble assez évident
Que tout le monde est important


Jean-Luc Jolivet
3 février 2013
*Tiré du Film Vers l’inconnu de Sean Penn

vendredi 3 mai 2013


Parce que sans la musique, la vie n’aurait pas la même saveur et on peut ajouter sans se tromper, que sans elle, dans ce bas monde, ça ne volerait pas haut !


LA MUSIQUE I

À la fin, il y a toujours de la musique :
À la fin de la journée
À la fin d’une relation
À la fin de notre emploi
À la fin d’un livre
À la fin d’un film
À la fin de la vie

LA MUSIQUE II

« De la musique avant toute chose » *

Comme l’écrivait un certain, comme le vivait ce vieux copain, la musique, toujours la musique ! Cette douce compagne agile; cette amie qui dépoussière nos souvenirs et embellit le présent comme l’avenir. Je l’écoute, je la sens. Elle est présente, elle coule dans mon sang. Sans elle, la vie ne serait pas la même. Elle prendrait l’allure d’un visage blême, d’un port sans voiliers, d’un parc sans enfants et je ne peux le nier, sans elle, je serais vide en dedans.

* Art poétique, Paul Verlaine

 LA MUSIQUE III

Jour de bonheur, jour de tristesse
Passage à vide, manque de caresse
Heureusement que dans mon jardin
Je cultive de jolis refrains

Musique légère, musique ancienne
Provenant de France ou bien de Vienne
Elle est lumière sur mon chemin
Malgré tempête, malgré chagrin

Si j’ai des ailes et de l’entrain
Le cœur léger, le regard plein
C’est grâce à elle et je suis fier
Qu’elle fasse partie de mon univers

Musique légère, musique ancienne
Provenant de France ou bien de Vienne
Elle est lumière sur mon chemin
Malgré tempête, malgré chagrin

De cette pudeur, de cette gêne
Qui me glace et me rend blême
De ces questions, de ces mystères
Elle me protège, elle me libère

Musique légère, musique ancienne
Provenant de France ou bien de Vienne
Elle est lumière sur mon chemin
Malgré tempête, malgré chagrin

Jour sans saveur, jour sans couleur
Perte de sens, gain de douleur
Elle n’est pas loin de ma guitare
Suffit de la rejoindre à cette gare

Musique légère, musique ancienne
Provenant de France ou bien de Vienne
Elle est lumière sur mon chemin
Malgré tempête, malgré chagrin