mardi 23 octobre 2018


LA RÉCOMPENSE


Dieu seul le sait, et le diable s'en doute, ce n’est pas évident d’améliorer et de maintenir la forme.

Disons que ça nous prend parfois un bon coup de pied au c…- non ! Je n’écrirai pas ce gros mot que rigoureusement ma mère m'a défendu de nommer ici (clin d’œil à Brassens en ce moment précis) afin de nous glisser hors de notre chaude et confortable demeure pour aller courir, nager, rouler, patiner ou que sais-je encore !

Lorsque la motivation va au-delà de notre simple bien être, comme par exemple, s’entraîner par respect pour les gens que nous aimons dans le but de vivre en santé et le plus longtemps possible à leur côté en donnant le meilleur de nous, ça nous aide à bouger notre gros c..- non ! Je vous l’ai déjà dit, je n’écrirai pas ce vilain mot dans ce joli petit texte poli et inoffensif - du divan pour aller défier nos limites.  

La vie est ainsi faite que nous devons accepter que les choses et le corps s’étiolent tranquillement pas vite. Oui, je vous l’accorde, parfois plus vite que nous le souhaiterions.

Ce n’est certainement pas une raison pour attendre mollement et béatement comme un chevreuil devant deux spots à brumes que l’inéluctable se produise. Il serait honteux de ne pas nous activer entre notre alpha et notre oméga. Nous avons le devoir de faire ce que doit pour être en pleine possession de nos moyens durant ce sublime entre-deux. Ne pas nous laisser abattre malgré la conscience de notre finitude. Et le sport semble tout indiqué pour nous ouvrir l’appétit. Au sens propre comme sens au figuré. Lorsque nous sommes actifs, la faim vient naturellement et il est plus facile par la suite de mordre dans la vie. 
  
Bon, je dois me sortir de ce pétrin et entreprendre un virage avant que cet écrit commence à suinter la morale bon marché. (non, non, je vous jure Monsieur le juge, je n’ai pas utilisé le mot marché d’une façon subliminale, il m’est arrivé au bout des doigts comme ça, spontanément, veuillez me croire). Ouf ! Juste entre nous, je dois avouer que j’ai eu chaud. Pour faire image, je vous dirais que je suis en nage. J’ai dû patiner en masse pour faire croire à sa Seigneurie que je ne cherchais pas à le rouler.

-Ok, ça commence à être lassant ton affaire. C’est quoi au juste que tu souhaites nous dire, à nous, tes fidèles lecteurs ? Notre temps est précieux, tu sais. Accouche qu’on baptise !

-D’accord, d’accord, désolé. En tout cas, vous emmerder n’était pas pantoute le but recherché en m’installant derrière l’ordinateur pour taper ce texte. Ce que je voulais exprimer, c’est que nous avons droit à de maudites belles surprises lorsque nous nous remuons et que nous allons faire des activités physiques à l'extérieur.

Tenez, ce matin, alors que le froid commence à reprendre ses droits pour les mois à venir et à s’agripper sérieusement aux toits des maisons, aux fenêtres des voitures et à la terre sous nos pieds, je suis allé faire des intervalles avant le déjeuner. J'ai eu le privilège en tournant vers la droite, au sortir du boisé, de recevoir mon éblouissante récompense.

Le soleil m’attendait patiemment. Il trônait majestueusement au-dessus des arbres. Il semblait n’être là que pour moi. Il donnait au gazon gelé du terrain vague une dignité hors du commun. J’ai même cru que la course du temps prenait une petite pause de quelques minutes. Comme un arrêt sur image. Comme pour nous dire, regarder ce qui vous entoure, contempler et savourer jusqu’à plus soif.  

Mais surtout, ce cher Galarneau a profité de ce moment pour me souffler à l’oreille «Tu sais que je ne suis jamais loin et comme le chantait Leonard Cohen, tu ne dois jamais oublier: there is a crack in everything, that's how the light gets in 

Jean-Luc Jolivet         

dimanche 21 octobre 2018


QUAND LA MONTAGNE VACILLE

Il est assez affligeant de constater à quel point je ne saisis pas vite. À la lumière de cette découverte tardive, il est alors assez évident que j’aurais fait un bien mauvais huissier (n’ayez crainte, ce sera le seul trait d’esprit du texte). À bien y penser, des nombreux métiers que je souhaitais faire, il ne m’est jamais venu à l’esprit, mais alors là pas une maudite seconde, d’exercer celui-là. (Salutations cordiales à tous les huissiers du Québec ;-).

En tout cas, je m’égare. Une chose est claire, il m’aura fallu tout ce temps pour comprendre cette vérité de la police….de La Palice - encore ce goût de faire un jeu de mots poche qui me reprend - veuillez m’excuser, je ne recommencerai plus, promis.

Donc, je disais. Il m’aura fallu (…) cette vérité : nous ne sommes jamais vraiment arrivés, quoi que nous en pensions. Le travail est constant.  

Il me semble même quelque peu hasardeux de nous asseoir sur nos lauriers. D’ailleurs, n’avons-nous pas la fâcheuse habitude de pointer du doigt un tel ou une telle et de dire, puff, lui, c’est juste un autre de ces parvenus que je ne peux pas sentir ! Au lieu de regarder avec mépris ceux qui sont sûrs d’être enfin arrivés, ne devrions-nous pas  plutôt ressentir de la compassion à leur égard ?

Pourquoi dites-vous ? Simple.

Quand nous pensons avoir atteint le sommet de la montagne, il y a danger de nous la couler douce. De nous péter les bretelles. De déposer nos deux pieds sur la bavette du poêle. De nous sentir satisfait et repu. De nous éteindre tranquillement pas vite en prenant soin d’entretenir l’illusion de notre réussite. De nous enorgueillir, avec une certaine condescendance, face à celui ou à celle qui n’a pas connu le même succès que nous.

Il y a aussi le risque de frapper un autre écueil avec notre beau et grand vaisseau d’or. Soit celui de dilapider nos énergies à garder jalousement nos acquis et de mettre en péril notre santé en ne cherchant qu’à faire fructifier nos aptitudes et nos talents pour notre seul et unique bénéfice.

Dans les deux cas, nous nous aventurons sur le terrain glissant de l’isolement. Nous en arrivons à croire que nous n’avons plus besoin des autres. C’est laisser filer négligemment le meilleur de notre humanité au profit d’une vanité froide et calculatrice.

Nous considérer comme indispensables, indélogeables et parvenus, c’est de ne pas tenir compte que la vie est mouvement. Que tout change, sans arrêt.

La vraie réussite est peut-être de continuer à avancer malgré le chaos, les échecs et les aléas de la vie. C’est probablement de ne jamais lâcher. De savourer nos victoires humblement en reconnaissant l’apport des autres. C’est de nous préserver des moments de repos et de ressourcements pour mieux rebondir. C’est être conscient que nos faits et gestes ont un impact sur les gens qui nous entourent.    

Ainsi, quand la montagne se met à vaciller, que le plancher se dérobe sous nos pieds et que tout part en vrille, nous savons que ce n’est pas la fin, mais le début et l’ouverture sur d’autres possibles.


Jean-Luc Jolivet
21 octobre 2018