PRÈS DE 256 ANS PLUS TARD….
J’étais bien adossé contre le socle de la statue de La
Fontaine*, sur le point d'ouvrir mon livre, lorsque soudain l’histoire me tapota l’épaule.
Elle m’incita à laisser tomber ma lecture et à m’ouvrir à ce qui m’entourait.
Ce que je n’eus vraiment aucune difficulté à faire.
D’abord, mon premier réflexe fut de tourner mon regard
vers la droite pour admirer l’hôtel du Parlement, le siège du pouvoir de notre
nation. Ce magnifique édifice, travail d’Eugène-Étienne Taché construit entre
1877 et 1886, en aurait long à raconter s’il pouvait parler. Je suis resté de
longues minutes à le fixer, comme hypnotisé, oubliant le bruit engendré par le
mouvement incessant de mes contemporains sur la colline Parlementaire. Un
moment, je me suis même surpris à voir défiler sur la façade du bâtiment, la
trame historique de notre peuple.
Ensuite, à ma gauche, l’invitante porte Saint-Louis - la
première est érigée en 1694 sous le régime français à la hauteur de la rue Sainte-Ursule,
plus à l’est - me souriait et me rappela à quel point lorsque j’étais jeune,
j’aimais grimper sur son dos et me transformer en défenseur de la ville
fortifiée. Encore une fois, mon imagination me transporta dans cet autre monde si
loin et si près à la fois.
Enfin, en face de moi, la réalité me rattrapa et ma
réflexion prit une toute autre tournure à la vue du drapeau de l’Union Jack à l’entrée
des plaines d’Abraham et de celui du Canada un peu plus loin derrière. Près de
256 ans après la défaite des Plaines, tout reste à faire, me dis-je à moi-même,
et malgré le chemin parcouru par notre peuple, nous ne sommes qu’une simple
province dans ce semblant de Pays. Il n’en tient qu’à nous si nous souhaitons
nous déployer pleinement et mettre fin à cette démolition tranquille.
Le crissement des pneus d’une voiture mit subitement fin
à mes pensées et me fit me souvenir que nous étions bel et bien en juillet 2015
et que ma pause du dîner était sur le point de se terminer. En me relevant, les
mots** gravés dans le granit derrière mon dos me parlaient d’égalité sociale, de
liberté politique, de paix, de bonheur, de développement, de vastes ressources et de
gouvernement responsable. Y a pas de doute, c’est un beau et noble programme
que celui-là. Et plus que jamais d’actualité.
Jean-Luc Jolivet
*Louis-Hyppolite La Fontaine : http://www.assnat.qc.ca/fr/deputes/lafontaine-louis-hippolyte-3809/biographie.html