lundi 27 juillet 2015

DÉCROCHER


Facile.

D’abord, tu enlèves tes gros sabots, tu te couvres tout le front autour de la tête, tu suspends ton ego, tu ranges ta vanité et tu t’enduis d’humilité. Ensuite, tu te déconnectes du fil de l’actualité. Enfin, tu te déniches un coin tranquille où tu peux attacher un confortable hamac entre deux bons arbres bien solides. Aussitôt installé, tu sautes dedans pour quelques heures. N’oublie pas d’apporter quelques fruits, de l’eau et des noix. Et surtout, un livre afin d’y glaner ici et là quelques mots qui alimenteront ta réflexion.    

Voilà. T’es fin prêt à décrocher.

Pas de panique, après quelques temps, le vide que tu ressens au départ sera vite comblé. La rumeur, le bavardage, le superficiel et tout ce tapage auxquels tu es habitué seront remplacés par une sorte de, comment dire, de tout. Il ne se passera rien et tout arrivera. La Vie dans ce qu’il y a de plus dense, de plus vrai. Sache savourer ce moment à sa juste valeur.

Et puis, à un moment, tu te surprendras à t’assoupir. Ne résiste pas, laisse toi aller. À ton réveil, tout te paraîtra plus simple, plus limpide.

Tu répètes ce manège tant et aussi longtemps que tu n’auras pas décroché de l’insignifiance et de la futilité de tout ce bazar. Dis-toi que cette mauvaise comédie suivra son cours avec ou sans toi.     

Lorsque tu en arriveras à faire la différence entre l’accompli et l’inaccompli, tu pourras retourner dans la civilisation et poursuivre ton chemin sans trop faire de dégâts.

Les gens que tu croiseras ne comprendront pas pourquoi tu trimbales toujours sur ton visage ce petit sourire en coin, mais toi, tu sauras.         



Jean-Luc Jolivet

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