dimanche 31 mai 2015

LES PUITS DE RAVITAILLEMENT




J’avoue, au 45e kilomètre, j’ai eu des doutes, de gros gros doutes. Allais-je casser prématurément et ne faire que 90 kilomètres sur les 130 que nous avions planifiés ? Le moral allait-il tenir le coup ou me lâcher comme ça sans crier gare ?

Avant que le chaos ne prenne définitivement le contrôle et m’oblige à une retraite humiliante, j’ai fait un inventaire rapide de mes forces encore disponibles et un tour de ma préparation d’avant départ. Rien ne pouvait, objectivement, me faire croire que je n’y parviendrais pas. J’avais bien dormi, le petit-déjeuner était équilibré et suffisant, j’étais hydraté, la douleur au genou droit était incommodante, mais pas atroce et j’avais tout ce qu’il me fallait pour me rendre jusqu’au premier arrêt prévu au 60e km.

Faque, c’est là que j’ai compris ce que voulait dire Bob des Boys avec la dureté du mental ! Me suis aperçu que mon mental toughness était en train de me jouer de vilains tours et qu’il devenait aussi mou qu’un pneu crevé. Le salaud pensait-il m’avoir aussi facilement ? Il me connait mal que je me suis dit. Il oublie que j’ai joué au hockey et qu’on nous parlait toujours de notre second souffle. Me suis organisé pour aller le chercher.

Pis, t’sé l’orgueil, ben ça peut être un maudit bon carburant dans certaines circonstances. Vrai que ma blonde s’est entraînée tout l’hiver. Vrai qu’elle se prépare pour La Boucle du défi Pierre Lavoie. Vrai qu’elle est plus en forme que moi. Ce n’est pas une raison pour rester sur le bord du ch’min ou de rouler comme un gars en gougoune et en camisole qui va se chercher un sac de chips et une bière au dépanneur un dimanche après-midi de canicule.

Finalement, me suis rendu à la première pause. Après m’être vidé la vessie, m’avoir rempli l’estomac et avoir remis de l’ordre dans mes idées, on est reparti. Pis là, j’vous dis pas, on a roulé comme jamais. Notre fameux second souffle était de retour. Plus rien ne pouvait nous arrêter, sinon la faim au 100e km. On l’a écoutée. Le snack était bon, pis il nous a permis de finir le 130 km en beauté.  

La morale à 2 sous de cette courte histoire: dans cette course folle qu’est la vie, quand on a besoin de baisser la cadence, de prendre du recul, de refaire nos forces et de souffler un peu pour mieux repartir, il est nécessaire de prévoir des pauses.

C’est là que les puits de ravitaillement deviennent salutaires. Heureusement qu’ils existent. Sinon, on risque d’arriver en bout de ligne totalement magané et ahuri comme un chevreuil devant deux spots à brume !!    




Jean-Luc Jolivet

lundi 4 mai 2015


LA JALOUSIE


Aujourd’hui, je suis devenu celui que j’enviais hier. J’ai fait taire ces menteurs que sont les «il est trop tard», «tu es trop vieux», «tu n’es pas en forme», «tu n’as pas d’argent» etc.

Alors que je roulais au hasard d’un circuit improvisé, j’ai vu la jalousie se morfondre sur le trottoir. En croisant son regard, j’ai décidé d’augmenter la cadence et de m’éloigner de cette vilaine afin que plus jamais elle ne me plombe les ailes et ne me fasse perdre mon temps.

Jean-Luc Jolivet