L’ÉTAT DE GRÂCE
Je fais constamment cette erreur, un peu niaise et naïve, de
rechercher à tout prix l’état de grâce permanent.
Un état de plénitude comme lorsque je savoure
tranquillement, dans ma cour ensoleillée, la page d’un livre de l’écrivain le plus
lent de Québec; ou lorsque je bois à petite gorgée, sur les bords du majestueux
Saint-Laurent, en Gaspésie, De mémoire d'eau écrit par monsieur Rivière; ou lorsque je
me couche de tout mon long dans une superbe rivière entourée d’arbre et où le
soleil vient me chatouiller le bout des orteils et du nez; ou lorsque j’admire,
en sillonnant les routes de mon Pays que j’aime tant, les paysages à couper le
souffle dessinés par je ne sais qui; ou lorsque je suis attablé avec les gens
que j’aime lors d’un repas de fête; ou lorsque j’écoute pétiller un verre de
rosé bien froid qui me réchauffe la panse tout en dégustant le jazz de monsieur
Metheny en compagnie de ma tendre et chère; ou lorsque je m’amuse à écrire ce
petit texte qui me fait oublier, pour un instant, les extrasystoles qui
me narguent et m’agacent.
Je fais constamment cette erreur alors que je sais pertinemment
que ma nature fébrile et nerveuse est sans arrêt sollicitée par les bruits de cette
société bavarde, tapageuse et turbulente.
Pas de méprise, j’aime l’action, j'aime que ma vie soit animée, mais un
moment de grâce de temps en temps, ça ne fait pas de tort à mon corps !
Jean-Luc Jolivet
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