samedi 31 janvier 2015


 UNE LUMIÈRE S’EST RALLUMÉE AU RAYON DES ÉCLOPÉS



Du fin fond de son indigence, elle a réussi à s’extirper.

Dans un ultime sursaut de vie, elle a trouvé le courage de sortir de son marasme et d’aller marcher pour s’aérer l’esprit et remettre de l’ordre dans ses idées. C’est alors qu’elle tomba sur une belle grosse flaque de soleil qui luisait là, juste pour elle, sur le trottoir. Comme si l’espoir lui disait «tu n’es pas seule, viens te réchauffer».

Elle s’est virtuellement enroulée dedans comme s’il s’agissait d’une énorme couverture chaude et réconfortante brodée par sa grand-mère. Elle s’y est emmitouflée en pensant à la douce sécurité des bras de son père qui, en des temps bénis et plus heureux, savaient la rassurer.

Pour refaire ses forces, elle a bu tous les rayons lumineux à sa disposition en prenant bien soin de «bénir la rue» pour cette oasis inespérée dans ce drôle de voyage. 

Ce moment de grâce lui a permis de retrouver sa petite musique intérieure et l’a aidée à repousser la puissance du vide qui l’avait agrippée depuis déjà trop longtemps et qui ne voulait plus la lâcher.

Une lumière s’est rallumée au rayon des éclopés. Une âme en déficit d’amour a été plus forte que la mort. Elle sait maintenant qu’elle aura le temps de s’accomplir et d’aller au bout de ses talents.

Cette belle jeune femme blessée, qui s’était échouée sur les rives de cette ville froide et impersonnelle, vient de remporter une victoire qui ne fera peut-être pas les nouvelles, mais qui vaut tous les doctorats honoris causa qu’une université renommée peut décerner.   

Comme quoi, la ligne entre le néant et une vie bien remplie est plutôt mince.



Jean-Luc Jolivet

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