SORTIR DE LA BULLE EST VITAL
Je gagne ma vie et j’évolue dans un univers fascinant
où la victoire éphémère et l'amère défaite sont les 2 faces d’une même
médaille.
Ce milieu qui apporte son lot de satisfaction,
de désillusion, de rencontres enrichissantes (dans le noble sens du terme) et d’amitiés
fracassées par la réalité du pouvoir est tout ce qu’il y a de plus foncièrement
humain. C’est-à-dire parfaitement imparfait.
Je me soupçonne de l’avoir inconsciemment
choisi pour qu’il puisse faire contrepoids à ma nature rêveuse, nonchalante et désorganisée.
À chaque jour, on en apprend et en découvre un
peu plus sur nous-mêmes, sur l’équilibre des pouvoirs, sur les alliances
temporaires et sur l’amour profond et sincère que nous portons toutes et tous,
à notre façon, pour notre Nation.
C’est un métier (j’ose utiliser ce terme) qui
demande une vigilance de tous les instants, une capacité à se retourner sur un
dix cents et où l’on doit à chaque jour remettre cent fois sur le métier, justement.
Un jour, un directeur de cabinet que j'estimais et que j'estime d’ailleurs toujours (il évolue maintenant dans une
autre bulle) est passé à mon bureau pour me faire part de sa satisfaction. Et aussi
pour me rappeler cette vérité - qui aide à garder les deux pieds bien ancrés
dans la réalité - que nous étions toujours moins bons que demain, mais bien meilleurs
qu’hier. Ce n’est probablement pas en ces mots qu’il m’a dit ça, mais c’est
ainsi que mon souvenir me le rappelle.
En gros, rien n’est jamais acquis. Nous devons
constamment donner le meilleur de nous. Nous ne pouvons être à moitié présents.
Le respect et la reconnaissance de nos compétences est chèrement obtenus, mais
si facilement perdus.
Et, contrairement à la pensée populaire, la
parole donnée est sacrée. Si nous dérogeons à cette règle non écrite, c’est
notre crédibilité qui en prend un méchant coup.
En somme, je pourrais dire sans me tromper que
toutes les bulles se ressemblent et ont leurs propres codes et particularités.
Si nous aimons ce que nous faisons, nous nous donnons à fond.
Et c’est là que réside le danger. Bien d’autres
sphères de nos vies peuvent en souffrir. À commencer par la famille, les
amis.es, notre passion pour le sport, la musique, la lecture, l’écriture, la
marche en nature, le bénévolat et que sais-je encore ?
Le danger est de considérer la bulle comme la
seule et unique réalité. Comme si rien d’autres autour de nous existaient.
C’est pourquoi, il est plus que vital et
impératif de sortir de la bulle, de préserver et chérir ces instants de liberté
qui nous aident à remettre les choses en perspectives, qui nous permettent de recoller
les morceaux éparpillés du casse-tête.
Je n’apprends rien à personne si je dis que ces
moments sont de plus en plus difficiles à protéger.
Joignables que nous sommes à tous moments du
jour ou de la nuit. Bombardés que nous sommes par toutes ces images qui
encombrent jusqu’à plus soif nos cerveaux fatigués.
Je ne sais pas pour vous, mais je sens que je
dois combattre constamment pour garder fertile mon imagination et prendre soin
de mon monde intérieur. Sinon, je risque la sécheresse et une mort lente.
Si je ne parviens pas à défendre cet espace
essentiel à mon équilibre, c’est la servilité qui sera heureuse de prendre la
place laissée vacante. Elle jubilera à l’idée d’avoir réussi, là où certains
auront échoué, à mater une fois pour toute l’être autrefois épris de liberté
que j’étais.
Mais que la soumission ne se réjouisse pas
trop vite, j’ai encore du ressort.
D’ailleurs, l’amorce de ce texte s’est pointée
le nez au moment où j’en avais assez et que je décidai par un beau vendredi
après-midi automnal de quitter précipitamment et sans avertissement la bulle.
L’idée initiale était de retranscrire les
émotions que la liberté m’apportait, d’en faire un texte où le vent tiède et doux aurait le haut du pavé où le bitume serait mis à l’honneur où je nommerais
toutes les odeurs qu’une ville peut émettre, mais, surtout, un texte qui nous
rappellerait que toutes ces sensations qui traversent nos corps nous prouvent
que nous sommes bel et bien vivants. Et que nous devons savourer à fond cet
état de fait, cette vérité qu’aucune bulle ne peut nous dérober.
Mais, mon talent limité n’a que ce simple
écrit à vous offrir.
Je souhaite de tout cœur, si vous avez
persistez jusqu’ici, que ce dernier ait pu vous sortir pour un moment de votre
bulle.
Que la vie vous soit bonne.
Affectueusement,
Jean-Luc J.
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