jeudi 4 avril 2013

(INSPIRÉ DU CYCLE ABITIBIEN DE PIERRE PERREAULT ET DE TOUS CES DRAMES HUMAINS QUÉBÉCOIS ET MONDIAUX)

CŒUR EN JACHÈRE 

Sur le sol dépouillé se fixent mes yeux vides
Et mon âme morose se meurt dans l’enclos
Les forces de naguère se sont évaporées 
De mon cœur en jachère assoiffé de repos

Telle une terre labourée par une vision brouillée    
Ma passion se déchire et ne sait plus quoi faire
Après des décennies tout semble terminé
Je suis le fossoyeur des champs de mon grand-père 

Assis dans la cuisine à ruminer ma vie
Je regarde le soleil caresser mes deux mains      
Vous raconter la honte, ressasser les remords
Cela ne mène à rien, je perds ma ferme demain

Comment me reconstruire
Retomber sur mes pieds
Les débris de mes rêves
Gisent dans la coulée

Les silos crient famine et je n’ai plus d’oseille
Les banquiers affamés veulent engranger leur blé
Pourquoi  leur en vouloir, n’est-ce pas leur boulot
De voir que les affaires puissent un jour fructifier

Je ne cherche pas tant à partager la faute
Mais j’aurais bien aimé posséder plus de temps
La production mondiale ne fait pas de quartier
Tu entres dans la danse ou tu te fais bouffer 

Ce matin je suis calme et j’attends les huissiers
J’ai repoussé la nuit, la corde et le fusil
Mais ne vous cacherai pas que porter le deuil de sa terre
Ça laisse des séquelles, ça vous marque à jamais

Comment me reconstruire
Retomber sur mes pieds
Les débris de mes rêves
Gisent dans la coulée

 Jean-Luc Jolivet
 Décembre 2011

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