vendredi 5 avril 2013


LA FERMETURE

Lorsqu’ils ont mis la clé
Dans la porte à l’usine
J’ai vu trente ans de vie
D’un seul coup s’envoler  

Je ne peux pas y croire
Mais ma belle machine
A perdu la partie
Et son souffle d’espoir

J’aurai toujours en tête
Le silence de la bête
Et les regards perdus
De mes collègues confus

En moi c’est le désert
Tout comme le centre-vide
Où plus rien n’est ouvert
Et tout semble insipide

            C’est la valse de la vie
            La vraie vie mes amis
            C’est l’histoire d’une vie
            Qui s’enfuit dans la nuit
            C’est l’histoire de ma vie
            Qui me r’vient aujourd’hui
C’est l’histoire de ma vie
            Qui s’enfuit dans la nuit

Ils ont broyé mon cœur
Sous les roues de la peur  
Moi qui leur ai donné   
Mes plus belles années

Que l’espoir crie famine
Ou qu’il ait l’ventre creux
Ça n’change rien pour ceux
Qui nous mènent à la ruine

La richesse dégouline
Sur leur visage fiévreux
Moi je bois ma chopine
À la taverne des gueux

La chimie familiale
Risque bien d’y goûter
Par ce geste trivial
Tout vient de s’effondrer

            C’est la valse de la vie
            La vraie vie mes amis
            C’est l’histoire d’une vie
            Qui s’enfuit dans la nuit
            C’est l’histoire de ma vie
            Qui me r’vient aujourd’hui
C’est l’histoire de ma vie
            Qui s’enfuit dans la nuit

Je serai toujours fier
De mon titre d’ouvrier
À vingt ans bien sonnés
Commençait ma carrière

Je ne regrette rien
D’ces années de labeur
J’ai toujours mis du beurre
Sur la mie de mon pain

Adieu douce liberté
Dont j’avais tant rêvé
J’dois m’remettre à l’ouvrage
Malgré l’poids de mon âge

C’est la valse de la vie
La vraie vie mes amis
C’est l’histoire qui s’enfuit
Pour faire place aux ennuis

C’est la valse de la vie
La vraie vie mes amis
Malgré tous les ennuis
J’ai confiance en la vie

Jean-Luc Jolivet
Février 2008

(En hommage aux femmes courageuses et aux hommes braves qui ont eu la malchance de vivre la fermeture de leur usine)

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